A combien d’enfants a-t-on seriné depuis des générations : "Dis bonjour !" et "Dis merci !" ?
Si on doit prendre la reconnaissance par ce bout là, ça ne va pas être engageant.
Alors, sur le sujet de la reconnaissance, il s'agit de trouver d'autres modalités et motivations pour adopter des gestes de reconnaissance au quotidien ...
… au travail, en famille, avec les amis, avec les connaissances, dans la rue.
Je vous propose de considérer la reconnaissance avec 6 gestes du quotidien et dont certains ne nous renvoient pas forcément à notre conception de la reconnaissance.
Quand on voit une personne de loin qui s'approche et qu'elle nous fait un grand sourire, en voilà un beau signe de reconnaissance ! Soit elle nous a déjà vu, et on peut facilement l'interpréter comme "Je t'ai reconnu" et "je suis content de te voir".
Soit, c'est une personne qui nous est inconnue - et on a tendance à penser qu'on lui est aussi inconnu, sauf si on est une personnalité publique - et on peut l'interpréter comme "Elle me trouve sympathique".
La sourire est un atout formidable pour le bonheur. Dans notre cerveau, nous avons des neurones un peu particuliers, les neurones miroirs qui instinctivement nous conduisent à reproduire les gestes que l'on voit en face de nous. Donc si une personne nous sourit, nous allons avoir une tendance à lui répondre par un sourire, un peu comme un bâillement appelle à un bâillement.
Alors, maintenant, il y a sourire et sourire. Certains sont forcés et ça peut se voir.
Un sourire authentique se repère par la contraction du muscle orbiculaire de l’œil. Ca a été observé par le neurologiste Duchenne de Boulogne, d'où l'appellation de ce sourire "le sourire de Duchenne".
Pour ma part, je trouve qu'un sourire authentique est aussi observable par l'intensité du regard.
Régulièrement, j'aborde un sourire engageant dans les files d'attente aux caisses de supermarché et je m'aperçoit très souvent que ça a un effet contagieux.
Maintenant, n'oublions pas un préalable : le sourire nécessite d'abord de se regarder. Une évidence pas tellement évidente quand on se trouve dans une rame de métro ou dans un ascenseur.
Maintenant, n'oublions pas un préalable : le sourire nécessite d'abord de se regarder. Une évidence pas tellement évidente quand on se trouve dans une rame de métro ou dans un ascenseur.
Bonjour !
"Bonjour !" est un signe de reconnaissance en soi, et vraiment au sens premier. Certains commerçants utilisent malignement le bonjour en y accolant notre nom ou prénom pour clairement nous indiquer qu'ils nous ont reconnu.
Dans certaines circonstances, le fait que quelqu'un que l'on connait peu nous appelle par notre nom a un effet positif sur nous : "tiens, il m'a reconnu; je ne pensais pas qu'il se souviendrait de moi". Alors si en plus il nous demande des nouvelles de notre enfant qui était malade la seule fois où on l'a vu, on peut se dire "Au moins celui-là, il écoute vraiment ce qu'on lui dit !"
Le "bonjour" est un signe de reconnaissance à la fois si simple et si compliqué. Si simple car il tient en deux syllabes, car il fait partie des habitudes qu'on nous a inculquées.
Si compliqué, car dans un monde où tout un chacun va plus vite (y compris les retraités) et n'a pas le temps de s'arrêter, un "bonjour" fait prendre le risque d'être en dehors des clous du programme de la journée. ce qui fait que de plus en plus, on fait des impasses. Et puis essayez de dire bonjour quand vous êtes scotché sur votre smartphone en train de marcher dans la rue : on ne peut plus se donner l'opportunité de reconnaître les personnes que l'on croise.
Pour certaines personnes, "bonjour" est un acte difficile parce qu'elles sont timides. Ce qui peut nous faire interpréter de la timidité pour de l'impolitesse, voire un signe volontaire de refuser une interaction.
J'aime !
Le fait qu'on nous dise qu'on aime ce qu'on est, ce qu'on fait, ... est un signe de reconnaissance qui nous fait un bien fou. Comme pour le sourire, il s'agit tout de même que ce soit sincère. S'il y a supercherie dans l'air (pour obtenir quelque chose) ou si le "j'aime" est dénaturé tellement il est utilisé, un peu comme une ponctuation dans les phrases, évidemment sa portée sera différente, voire contre-productive.
A noter que comme pour le "merci" et le "bravo", le "j'aime" peut être conditionnel ou inconditionnel.
Exemple de conditionnel : "j'aime ton dernier tableau"
Exemple d'inconditionnel : "de toutes façons, ça n'est pas compliqué, j'aime tout ce que tu fais".
On a besoin du "j'aime" inconditionnel, mais gare au piège : si je réalise quelque chose qui sort de mes habitudes, dont je suis particulièrement fier, que j'attends un retour sur ce que je viens de faire, et que la personne en face me dise la phrase précédente, je me sentirai probablement frustré.
Avec les réseaux sociaux, nous sommes appelés à exprimer des "j'aime". De ce point de vue, on peut considérer que les réseaux sociaux offrent de nombreuses opportunités de donner et recevoir de la reconnaissance avec la possibilité d'aimer des pages, des articles, des gens avec la prudence de bien considérer le quantitatif et le qualitatif et de ne pas surinterpréter le quantitatif (comme le nombre d'amis sur Facebook, par exemple).
Merci !
C'est un signe important que l'on peut attendre en réaction à nos actes. Un peu comme une balance qu'il s'agirait d'équilibrer. Effectivement dans notre enfance nous avons été habitués à retourner un "merci" pour les choses qu'on nous donne, pour l'aide qu'on nous apporte. C'est aussi considéré comme une forme de politesse.
Comme pour "bonjour", "merci" est à la fois simple et compliqué.
Simple comme "bonjour" (d'où l'expression, si si je vous assure ça vient de là ! ;-)) avec aussi deux syllabes et le fait que cela peut être intégré dans nos habitudes.
Compliqué, car certaines personnes sont mal à l'aise avec le "merci". Et pas seulement celui qui dit merci. En effet, on a toutes et tous croisé à un moment de notre vie des personnes qui montrent une gêne voire même quelques fois de la mauvaise humeur à être remerciées et encore plus si on veut leur donner en retour.
Bravo !
S'il est vrai que "Bravo" a une proximité avec le "j'aime" dans certaines circonstances, il a tout de même la spécificité de reconnaître un effort, l'atteinte d'un résultat difficile. Il peut s'exprimer de manière bruyante (applaudissements) et donner lieu à un processus de contagion aboutissant à une expression d'un ensemble d'individus. Cela pouvant donner un impact émotionnel de forte intensité.
"Bravo", le superlatif de la reconnaissance ?
Propagation
Il me semble que s'il y a un signe de reconnaissance que l'on évoquera le moins facilement si on interroge quelqu'un sur la reconnaissance, c'est celui de la propagation. Ce sont tous les gestes dont on va bénéficier d'autrui qui va parler de nous, de nos actes, de nos réussites. Avec Internet et en particulier avec les réseaux sociaux, cette forme de reconnaissance prend une ampleur considérable : chaque fois qu'on va relayer un de nos contenus, y compris un contenu que nous-mêmes on a relayé, c'est un signe qu'on s'intéresse à ce qu'on fait et aussi à nos sujets d'intérêts.
Pour finir ... une cerise sur le gâteau
On mérite certainement plus de reconnaissance qu’on en reçoit et quelques fois on se met dans une posture d'attente de cette reconnaissance. Certaines personnes sont entraînées dans une fuite en avant infernale quand elles redoublent d'efforts pour obtenir une reconnaissance qui n'est jamais à la hauteur de ce qu'elles attendent avec une inexorable conséquence : un bain d'amertume.
MAIS la bonne nouvelle, ce qui est super plus efficace, motivant et bénéfique, c’est de faire ce qui est totalement à notre portée et presque sans limite …
… DONNER DE LA RECONNAISSANCE
Parce qu’en donnant de la reconnaissance, on se fait un cadeau à soi-même !
"Comment donc ?" me direz-vous !
Je m'explique : pour donner de la reconnaissance, il faut déjà être en capacité d'apprécier un geste d'autrui. Dès lors qu'on apprécie, on ressent une émotion positive (joie, amusement, émerveillement, ...). Premier cadeau.
Puisqu'on a attribué le geste à une personne ou à un groupe de personne, on va ressentir de la gratitude, autre émotion positive. Deuxième cadeau.
Donc donner de la reconnaissance, c’est bon pour soi, c’est bon pour le bénéficiaire !
Accès au pense-pas-bête sur les 6 gestes de la reconnaissance au quotidien (format PDF)
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Ajout du 19 novembre 2015 : j'ai produit une nouvelle version en ajoutant 4 gestes, portant le tout à 10 gestes de la reconnaissance au quotidien