Seulement, si on s’inspire des êtres vivants, en général, ils se ménagent des temps de récupération. Si on revient à l’humain, c’est l’adage « qui veut aller loin ménage sa monture »
Je vous propose le diaporama ci-dessous pour poser l’enjeu important de recharger ses batteries pour se sentir bien. Sachant que quelques fois l’enjeu devient plus crucial : celui d’éviter le burnout, un vieillissement accéléré et des maladies. En dessous du diaporama, dans la suite de l'article, vous trouverez la transcription.
Je vous propose d’utiliser une métaphore : celle d’une réserve d’eau.
Il
y a un robinet d’eau en bas de la réserve qui représente l’énergie qu’on
puise tout au long de la journée, et en particulier au travail.
Et
puis un robinet qui permet de reconstituer les réserves : à travers le
sommeil, l’alimentation, les loisirs, le fait de pouvoir se décontracter.
Donc
sur une journée de travail, on dépense nos réserves et on les reconstitue. Au
final, le solde de la journée est plutôt négatif, et c’est pour cela qu’on a
besoin des we
pour reconstituer en bonne partie les réserves. Je dis presque, parce que ce
n’est pas tout à fait le cas et c’est pour cela qu’on a besoin de vacances pour
recharger totalement les batteries.
Ca,
c’est en régime … normal.
Maintenant,
il y a d’autres situations où ça se corse.
D’abord, ce que j’appelle la situation de vigilance. Dans cette situation, on a à
peu près les mêmes conditions de ressourcement
que pour la situation normale, MAIS
On tire plus sur l’énergie
consommée, sur la quantité d’eau qu’on prélève dans notre réserve. Et à long
terme, on risque de vider le réservoir car de manière récurrente, on prélève
plus qu’on réalimente.
Et
puis il y a plus grave : la situation d’alerte qui se caractérise par un double phénomène :
- d’une part, la dépense d’énergie va être beaucoup plus forte, on va passer beaucoup de temps au travail et on va ressentir un stress intense (même si on a l’impression qu’il est positif),
- d’autre part, nos capacités de ressourcement vont être très amoindries : en terme de sommeil, d’alimentation, de relaxation, on n’a plus de temps pour s’activer physiquement.
En notant une relation
directe de cause à effet : par exemple, c’est le fait que je travaille plus qui
impacte ma sphère des loisirs. Et puis autre exemple : je suis stressé et ça
peut impacter négativement mon sommeil car je vais ruminer et avoir du mal à
m’endormir.
Quand
on observe ces 3 situations, émerge un enjeu d’importance :
contrairement à une batterie de téléphone, ou au réservoir de carburant de sa
voiture, où il n’est pas gênant d’aller au bout de la réserve puisqu’il suffit
de reconstituer la réserve en plusieurs minutes ou en plusieurs heures. Pour
l’être humain, aller dans l’orange ou dans le rouge, c’est une prise de risque
pour sa santé et pour son avenir.
Ici
l’enjeu est bel et bien de prêter attention à ne pas se retrouver dans la zone
orange, et encore moins dans la zone rouge.
Quels
sont les risques quand on est dans la zone rouge ? L’épuisement
professionnel (ce qu’on appelle le burnout), le vieillissement prématuré, des
maladies.
Parlons d'ailleurs à cette occasion des télomères : ce sont des régions aux extrémités des chromosomes.
Des télomères courts sont associés à un risque plus élevé de maladies liées à l’âge.
Et les télomères raccourcissent avec l’âge, l’inflammation … et le stress. Et donc, le surengagement et le stress chronique diminuent l'activité télomérique, avec des impacts négatifs sur la santé.
A noter que la méditation a un effet de préservation des télomères, voire de régénération (Source Matthieu Ricard)
Donc
finalement, par rapport à cet enjeu de recharger les batteries, on peut
considérer qu’il y a 3 phénomènes de masquage :
- le premier est lié à l’observation du niveau de la batterie; jusqu’à maintenant, je vous ai schématisé une réserve transparente dont on pouvait voir le niveau d’eau. En fait les choses sont plus compliquées que cela car la réserve est en fait opaque. Et donc, on a beaucoup de mal à savoir dans quelles mesures on a puisé dans nos réserves. C’est le cas en particulier quand on est dans la zone rouge; on a quelques fois tendance à penser qu’il en reste toujours suffisamment pour faire face aux prochaines échéances. Alors que ce n’est peut-être pas le cas et qu’on est en réalité au bord du burnout ou plus généralement d’un problème de santé grave
- Le 2ème niveau de masquage, c’est que lorsqu’on est engagé dans un stress chronique, il est possible qu’une maladie de développe de manière masquée. Et le jour où l’on commence voir observer des symptômes, c’est quelques fois un peu tard, voire trop tard pour réagir
- Et le 3ème niveau de masquage, c’est celui du déni. C’est-à-dire que quelques fois, les symptômes, ils existent bien, mais on ne veut pas les voir. Et même si nos proches nous alertent, on fait la sourde oreille. Ou alors, on écoute bien gentiment, on réagit en disant « tu as raison, je vais faire attention », généralement en ajoutant « de toutes façons, je te rassure, je n’ai plus que 2 ou 3 semaines à tenir et ensuite ça va se calmer ». Et 3 mois après, on y encore, avec des symptômes encore plus marqués, parce qu’on n’a pas bougé d’1 millimètre sur sa façon de gérer sa journée.
CONCLUSION
Quel que soit notre projet professionnel, il devrait passer en terme de priorité derrière le projet premier de tout être humain :
gérer son capital santé, le considérer comme un cadeau dont on a conscience et envie de prendre soin.
La bonne réalisation de ce projet premier donnant plus de réussite à nos autres projets.
C’est aussi apprécier les merveilles de ce que notre corps et notre mental nous permettent d’être et de faire.
Ceci en triple connexion avec nos aspirations profondes, avec les autres et avec la planète dont nous faisons partie intégrante.
Prendre soin à la fois de soi, des autres et de la planète, dans une logique gagnant-gagnant.
Ce n’est ni de la morale, ni de l’hygiénisme : c’est du bon sens allant dans le sens du bonheur, en faisant écho à deux maximes qui étaient inscrites sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même » et « Rien de trop »
Merci pour cette présentation synthétique et claire !
RépondreSupprimerEffectivement, la réserve d'énergie peut se tarir si l'on n'est pas attentif aux signaux.
Une question se pose également à mon sens : est-on tous dotés de la même réserve d'énergie au départ ? J'ai mon opinion sur la question mais j'aimerai avoir votre regard.
De plus, dans la conclusion, je dirai qu'apprécier va aussi avec accepter. Accepter que le corps (la réserve d'énergie) va en s'amenuisant au fil des ans. Le tout étant de ne pas accélérer ce processus mais aussi d'en être conscient et d'adapter ses dépenses d'énergie à l'avancée en âge et ses conséquences. Cela peut-être aussi suite à une maladie justement, on en sort "différent" et il faut à nouveau faire connaissance avec soi-même et ses nouvelles capacités.
Belle journée
Carole
Bonjour Carole et merci pour votre commentaire riche.
RépondreSupprimerJe vais rebondir sur les différents éléments de vos propos.
Il est important en effet de prendre conscience des signaux. Il faut aussi se dire qu'il y a aussi une harmonie à cultiver qui ne doit pas attendre que des signaux se déclenchent (je renvoie à l'idée de masquage du diaporama et que le santé peut se détériorer aussi sans signes visibles).
Je suis convaincu que nous ne naissons pas égaux sur plein d'aspects et y compris en terme de réserve d'énergie et en terme d'efficacité de nos capacités de récupération. La génétique a bien démontré l'aspect inégalitaire sur plein de dimensions.
Je suis tout à fait d'accord avec vous à propos de l'idée d'acceptation. Cela va dans le sens de l'idée de désespoir promu par le philosophe contemporain André Comte Sponville.
J'ai évoqué l'idée d'acceptation dans un récent article de ce blog http://www.lesverbesdubonheur.fr/2017/01/agir-dans-le-sens-de-ce-qui-est-notre.html dans lequel j'ai essayé de mettre en évidence l'importance de la conscience de soi, de ce que l'on est, de ce qui est à notre portée ... y compris de ce qu'on n'est plus et de ce qu'on ne peut plus faire, en particulier du fait de capacités fonctionnelles qui se réduisent avec l'âge.
Merci encore pour votre partage.