dimanche 25 février 2018

7 axes pour profiter de la vie et limiter les regrets à la fin de la vie

Cet article contient une (des) ressource(s) mise(s) en commun par Olivier Hoeffel
J'ai découvert il y a quelques jours l'existence du livre de Bronnie Ware "Les 5 regrets des personnes en fin de vie", infirmière australienne qui a passé de nombreuses années à travailler en soins palliatifs. Elle a été à l'écoute de nombreuses personnes en fin de vie et elle s'est fait la réflexion que 5 regrets ressortaient fréquemment :

  1. ne pas avoir vécu la vie qu'elles auraient voulu, notamment du fait de l'influence d'autrui
  2. avoir trop travaillé ou consacré trop d'énergie au travail au détriment d'autres sphères de vie
  3. ne pas avoir su exprimer leurs sentiments
  4. ne pas avoir su garder le contact avec leurs amis
  5. ne pas s'être autorisé à s'accorder un peu plus de bonheur
La connaissance de l'existence de livre m'a conduit à essayer de faire ressortir des axes d'action à mener pour profiter de la vie et limiter les regrets à la fin de la vie. Je me suis inspiré de diverses sources, dont celle-ci et plus globalement d'enseignements de la psychologie positive.

Je vous en propose 7. A l'instar des différentes productions issues de mes réflexions que je présente sur ce blog, je tiens à faire la remarque liminaire suivante : il ne s'agit pas pour moi de dire que ce sont "LES" 7 axes. Je suis souvent agacé par les titres "Les N ..." qui pourraient penser qu'il n'y en a que N et que ces N sont forcément ceux qui sont développés dans les articles.
Je vous en propose donc 7, j'aurais pu vous en proposer moins ou plus. Quiconque pourrait me dire aisément : et pourquoi tel ou tel aspect n'y est pas ?

Voici donc ci-dessous le résultat de cette réflexion :


Je reviendrai prochainement sur ces 7 axes et sur ce qui m'a motivé à les formaliser de cette manière.


APQP-AQN : Aussi peu que possible et autant que nécessaire

Dans ma lecture du livre "Conversation avec mon coiffeur" de Tal Ben Shahar (1), spécialiste americano-israélien de la psychologie positive, mon esprit a chopé une phrase sur laquelle j'ai décidé de m'arrêter pour en faire cet article : "... avec les enfants, il convient d'en faire aussi peu que possible et autant que nécessaire". J'utiliserai le sigle APQP-AQN dans la suite de l'article.

En cela, il prolonge les propos de son coiffeur, inspirateur de son livre "On est généralement plein de bonnes intentions quand on tient à satisfaire toutes les besoins et toutes les envies de ses enfants. Mais au-delà du strict nécessaire, je crois que plus on leur en donne, moins ils en font pour s'en sortir par eux-mêmes."

Tal Ben Shahar donne deux exemples par rapport à ses propres enfants : "Si ma fille sait nouer ses lacets seules, je dois la laisser faire - sauf si je suis très très pressé". Je note dans cette formulation l'exception à la règle pour laquelle il faut avoir de la vigilance quant à la fréquence : si on est très très pressé tous les matins, l'autonomie dans le laçage des lacets risque d'en prendre un coup.
Le deuxième exemple concerne son fils : "Si mon fils sait préparer tout ou partie de son repas, là aussi, il faut que je le laisse tranquille le plus possible, en le l'aidant que si c'est absolument indispensable". Tal Ben Shahar ajoutant que c'est ainsi que, progressivement, les enfants peuvent prendre confiance en eux et devenir indépendants.



Tout cela peut paraître évident mais il faut bien distinguer les principes qu'on peut avoir en tête et les intentions d'une part et la réalité des actions d'autre part. Le manque de temps, le stress, le besoin de protéger, les habitudes, la facilité, ... peuvent nous éloigner dans notre quotidien de ce principe qualifiable de "bon sens".

En matière d'éducation des enfants, APQP-AQN peut être entendu de plusieurs manières qui peuvent se combiner :

  • Autant de liberté/autonomie que possible et autant d'autorité que nécessaire
  • Autant de liberté/autonomie que possible et autant de cadre que nécessaire
  • Autant de liberté/autonomie que possible et autant de recadrage que nécessaire
  • Autant de liberté/autonomie que possible et autant de soutien que nécessaire
  • Autant de liberté/autonomie que possible et autant d'exemplarité que nécessaire
J'élargis maintenant l'idée "autant de liberté que possible" au citoyen et aux collectifs : en matière de restrictions à la liberté, on en veut aussi peu que possible et autant que nécessaire, selon un autre principe : la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres.

Au niveau politique, les partis libéraux ont la vision d'un Etat aussi peu présent que possible et autant présent que nécessaire. Ce qui veut dire en réalité "autant de marché possible et autant d'Etat que nécessaire", voire une autre formulation qui limite encore plus le rôle de l'Etat "autant de marché que possible et aussi peu d'Etat que possible".

Les actions des deux derniers gouvernements en matière du droit du travail sont intéressantes à observer avec cette grille de lecture : que veut-ont favoriser ? Que veut-on limiter à son plus bas niveau ? Je n'approfondis pas ce sujet pour le moment. J'y reviendrai peut-être dans un autre article.

En réalisant une recherche sur Internet, je me suis aperçu que la formulation "autant que nécessaire, mais aussi peu possible", à savoir une formulation dans l'ordre inverse de celle employée par Tal Ben Shahar, est le slogan de la gestion différenciée. Il s'agit de gérer, d'entretenir les espaces verts autant que nécessaire mais aussi peu que possible. Certains espaces publics nécessitent d'être tondus, débarrasser des mauvaises herbes. Il s'agit de les limiter, de limiter l'énergie dépensée sur ces espaces et octroyer des espaces où la nature retrouve tous ses droits, aussi bien au niveau de la végétation (espèces locales) que des êtres vivants qui les habitent.




Pour en revenir rapidement à l'éducation des enfants, cette notion de différentiation peut être entendue dans le sens où, chaque enfant étant unique, la gestion de son autonomie devrait lui être spécifique, différenciée par rapport aux autres enfants (y compris à l'école). La différentiation peut aussi être entendue dans le sens où cadre et autonomie peuvent avoir une pondération différente selon les situations auxquelles est confronté un enfant.

Je continue à tirer des fils : dans "gestion différenciée", il y le mot "gestion". 
"Autant que nécessaire, mais aussi peu que possible" s'applique aussi pour la gestion des ressources limitées de la planète : l'eau, l'oxygène, les minerais, ... Il faut qu'on en prélève aussi peu que possible et le juste nécessaire.

Dans son livre "Système 1  système 2", Daniel Kahneman évoque l'effet de halo jouant quand on donne une liste de mots. Ici nous avons une liste de deux idées : "autant que nécessaire" et "aussi peu que possible". Daniel Kahneman explique que l'ordre dans lequel on donne une liste n'est pas neutre du tout : le premier item de la liste a tendance à occulter les suivants. Donc, mettre en première position "aussi peu que possible" est plus impactant et plus fort pour la préservation d'une ressource que de mettre "autant que nécessaire". Dans le premier cas, on recherche systématiquement à limiter l'utilisation de la ressource. Dans le deuxième cas, on recherche à ne pas dépasser un niveau suffisant, avec une triple difficulté :
  • s'entendre sur le niveau de suffisance
  • savoir détecter quand c'est suffisant
  • tendance à repousser cette limite chaque fois qu'on l'atteint.
Je remarque que dans le deuxième cas, il a été nécessaire d'ajouter un "mais" pour contre-balancer la première assertion, ce qui n'est pas le cas de l'APQP-QN pour lequel on sait bien que le "autant que nécessaire" ne saura pas se faire oublier et que les forces qui le poussent sont suffisamment présentes.

En ce sens, la formulation "Aussi peu que possible et autant que nécessaire" me semble donc plus ambitieuse et efficace pour préserver une ressource.

Il n'y a pas que les ressources de la nature à préserver. J'ai retrouvé la formulation objet de cet article dans le Patient Blood Management qui consiste à gérer au mieux les transfusions sanguines.

APQP-AQN s'entend aussi quand il s'agit de limiter des éléments qui peuvent être à court, moyen ou long terme nocifs pour la santé et/ou pour la nature. En voici pèle-mêle une liste qui m'est venue à l'esprit : les conservateurs et addictifs, les produits chimiques, les antibiotiques, les radios dentaires, la lutte contre les nuisibles, le sel, les matières grasses, le sucre, ...



APQP-AQN peut être aussi un principe dont on pourrait s'interroger de l'opportunité pour l'utilisation des objets et outils numériques. Face à la diffusion non réfléchie des objets connectés, de leurs impacts négatifs en matière d'addiction et de désocialisation, des spécialistes de l'enfance invitent à se référer au principe APQP-AQN pour limiter l'exposition des enfants aux différents écrans.

Utiliser le principe APQP-AQN pour la préservation de la nature, pour la préservation de sa santé, pour donner de l'autonomie à ses enfants favorise le bonheur individuel et collectif. 
Quand il est utilisé par un collectif, et c'est le cas par exemple de la gestion différenciée au niveau de nombreux collectifs territoriaux, un effet d'essaimage est possible sur les comportements individuels. C'est d'ailleurs un des volets de la gestion différenciée : communiquer, partager avec le public pour que les citoyens puissent adopter les mêmes principes dans leur jardin particulier.

Le principe APQP-AQN invite à la régulation, à la fois au niveau individuel et au niveau collectif. Il nécessite une juste conscience des enjeux, une attention dans les décisions et au niveau des comportements pour s'assurer qu'on reste en ligne avec le principe. Il invite à des équilibres justes, gagnant-gagnant qui, par ailleurs, sont souvent exigeants.

J'utilise le qualificatif "exigeant" pour mettre en évidence que le manque de temps, la facilité, la culture de la consommation sont autant de freins à la réalisation du principe APQP-AQN quand il constitue la pierre angulaire pour préserver, protéger, développer l'autonomie, assurer des équilibres justes pour l'humanité et pour la nature. Ne nous y trompons pas : l'APQP-AQN au sens que je viens de donner n'est pas culturel dans le monde d'aujourd'hui. Il nécessite de changer des habitudes, quelques fois de changer de paradigmes. Et c'est difficile.

Par contre, la bonne nouvelle, c'est qu'une fois entré dans les habitudes, les décisions et les comportements coulent plus facilement de source. L'aborder collectivement, se stimuler mutuellement, prendre de le temps d'en apprécier les bénéfices, permettent de se sentir ainsi plus connecté à ses aspirations les plus profondes, aux autres et à autrui.

De ce pas, je vais réfléchir à comment gérer de manière différenciée mon jardin.

Ci-dessous, un résumé de cet article :







dimanche 4 février 2018

La Bienveillance, chalet pour la Confiance

J'ai eu l'occasion de constater par moi-même et en discutant sur le sujet avec autrui que la bienveillance est un mot fourre-tout qu'on a tendance à afficher de ci de là sans forcément bien en comprendre les enjeux et sans s'entendre sur les comportements attendus et la façon de l'assurer.

Je reviendrai bientôt sur ce sujet avec le fruit d'une modélisation sur laquelle je travaille.

Dans ce premier article sur le sujet, je veux faire le lien entre bienveillance et confiance, mettant ainsi en évidence un premier enjeu de la bienveillance.

La confiance en autrui nécessite un lâcher prise. Ce lâcher prise nécessite un environnement favorable. Un peu comme un endroit à l'entrée duquel on déposerait ses armes défensives parce qu'on saurait que tout le monde ayant aussi déposé les leurs, on pourrait y entrer sans risque. Ce qui nécessite un minimum de confiance dans le fait que les autres personnes aient vraiment joué le jeu et n'aient pas conservé sur elles cachée une arme.

Cet environnement favorable est la bienveillance. Comme un chalet douillet, chaleureux et accueillant dans lequel la confiance va pouvoir naître, se cultiver, prendre de l'ampleur, diffuser, ... Un endroit  où l'on se sent protégé mais qui n'est pas refermé sur lui-même. Au contraire, il est ouvert, mais selon des règles sur lesquelles on ne veut pas transiger pour conserver à cet environnement toutes ses qualités.


Un chalet qu'il a fallu construire à partir de plans. Un chalet qui a été construit par quelques personnes et dont l'entretien est assurée par les personnes hébergées.
La bienveillance est un ouvrage en soi et il faut s'y atteler. Elle ne naît pas d'un coup de baguette magique.
Il est tellement facile de ne pas être dans la bienveillance dans les propos qu'on tient. Il y a des mots, des phrases toutes faites qui sortent sans même qu'on prenne conscience de la portée qu'ils peuvent avoir. Je renvoie à mon article sur laqvt.fr Vous avez dit « Bienveillance » ?
J'imagine qu'en lisant cet article que vous conviendrez que les exemples de phrases que je donne sont destructeurs en matière de confiance en soi, d'estime de soi.

Il n'est pas la même chose de brandir le mot "bienveillance" comme on planterait un panneau dans le sol avec la photo du chalet collée dessus, dans le froid, le vent, les bourrasques de neige ou de concevoir une interaction avec quelqu'un en s'installant dans le chalet bien au chaud.

A bientôt pour reparler de ce chalet, de façons de le construire, des bons petits plats qu'on pourra faire mijoter, des plantes qu'on va pouvoir y faire pousser, des pelures de vêtement qu'on va pouvoir enlever, ...