mercredi 22 avril 2020

15 gestes de reconnaissance au quotidien pour une société de la Bienveillance

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Dans le cadre de la période de confinement engagée depuis mars 2020 et de la série de deux semaines consacrée à la reconnaissance au quotidien, j'ai fait évoluer un des deux modèles phares qui sont nés sur ce blog lesverbesdubonheur.fr : les gestes de reconnaissance au quotidien qui étaient au nombre de 13 depuis octobre 2017. Voici donc une nouvelle édition avec 15 gestes de reconnaissance que je mets en lien avec l'idée de société de la Bienveillance que je promeus depuis quelques mois suite au travail de modélisation de la bienveillance que j'ai entrepris depuis début 2019.

En quoi la reconnaissance contribue-t-elle à la constitution d'une société de la Bienveillance ? Les 15 gestes de reconnaissance au quotidien sont autant de manières diverses de veiller concrètement au bien sur 4 axes de bienveillance indissociables : autrui, communautés et collectifs auxquels on appartient, autres qu'humains (nature) et soi-même. Je reviendrai sur l'axe "moi" en fin d'article.

Autant de gestes de reconnaissance qui nécessitent une prise de conscience majeure qui fera l'enjeu central d'une société de la Bienveillance : la nécessité et le plaisir de se donner du temps pour apprécier le moment présent et ce qu'il nous apporte, et pour délivrer des gestes de reconnaissance de toutes sortes, en ne laissant de côté aucun de ces types de gestes, chacun ayant une véritable utilité.

Je détaille maintenant dans le présent article ces 15 gestes de reconnaissance en reprenant de la matière que j'avais déjà proposée pour les versions précédentes.

Pour celles et ceux qui se sont intéressées, ont relayé, voire ont utilisé l'édition précédente en 13 gestes, voici les 2 nouveaux gestes :
  • Envie de faire avec toi
  • Je t'ai écouté

lundi 20 avril 2020

La bienveillance en pensées, en paroles, en actions, ...


« J'ai péché en pensée, en parole, par action, et par omission ... ». La séquence "pensée, parole, action"  de cet extrait de "Je confesse à Dieu (Confiteor Deo)" (1)  m'est revenue en tête il y a quelques jours, réminiscence de l'enfant de chœur que j'ai été pendant quelques années - il y a fort longtemps.

J'y ai vu un rapprochement avec un processus de base des techniques comportementales et cognitives (TCC)  décrivant un cheminement entre pensées, émotions et comportements. Un cheminement dont je me suis inspiré pour un schéma montrant en quoi la bienveillance d'une part et la malveillance d'autre part pouvaient se construire à partir d'une même situation :


Le cheminement de la bienveillance démarre par l'observation d'une situation à travers ce qu'elle a de positif et aussi de ce en quoi elle nécessite que je prête attention : à autrui, à ma santé, aux communautés et collectifs auxquels j'appartiens, et à la nature. Cette observation me conduit à avoir une pensée non-jugeante qui accueille. Ce qui conduit plus facilement à une émotion positive qui me mettra dans les meilleurs conditions pour un comportement bienveillant et bientraitant.

A l'inverse, le cheminement de la malveillance commence par une observation qui relève d'une mauvaise habitude : je ne vois que les choses qui me déplaisent et qui vont m'amener à des pensées jugeantes et négatives. En conséquence, des émotions négatives (colère, peur, tristesses) vont surgir induisant des comportements négatifs ayant souvent des impacts négatifs pour autrui et pour moi.

Je vous propose de placer l'enjeu de la bienveillance sur un processus étendu par rapport à celui inspiré des TCC : il introduit la prise de décision et décompose le comportement en deux : la parole et l'action :


Quelques mots sur chaque étape de ce processus, caractérisée chacune par un verbe (pour mettre de la résonance avec le titre de ce blog : les verbes du bonheur) :

  • Observer : imaginez-vous regarder le paysage devant vous : le ciel est tout bleu, sauf au loin à droite où un nuage tirant vers le noir fait contraste. Le risque est de focaliser sur ce nuage malgré le reste du paysage. Une observation bienveillante relève de deux logiques : prendre en compte les aspects positifs à leur juste mesure, voire focaliser sur le positif. La deuxième logique est d'observer ce qui nécessite de prendre soin (la partie "veille" du mot "bienveillance")
  • Penser : l'être humain cherchant bien souvent à donner du sens, à interpréter ce qu'il voit, la pensée bienveillante s'efforce déjà de ne pas être jugeante (jugement négatif). Elle est indulgente si l'observation relève objectivement quelque chose qui ne va pas. Un enjeu est de trouver le bon équilibre entre indulgence et complaisance. La bienveillance n'étant pas complaisance, ni avec autrui, ni avec soi-même. Elle comporte une dimension d'exigence ; d'ailleurs qui cherche à incarner la bienveillance, comprend en quoi la bienveillance est exigeante en soi.
  • Ressentir : Une pensée bienveillante amène à ressentir une émotion positive. Cela peut-être de l'amour dans un élan qui vient du cœur et qui pourrait se concrétiser afin de prendre soin d'autrui. Cela peut-être aussi un sentiment de gratitude qui pourra conduire à un comportement d'expression de la gratitude.
  • Décider : Quand on est dans une émotion positive, il est plus facile de prendre une décision qui prend en compte les parties prenantes concernées en adoptant une approche gagnant-gagnant ; une approche qui prend aussi en compte soi-même. Prendre en compte est une chose, co-décider, c'est encore mieux car cela permet à chaque partie prenante d'exprimer sa réalité, sa perception, ses attentes, ses besoins, ses aspirations (lien avec l'Attention Réciproque), C'est pour beaucoup avec le verbe "décider" que les 4 axes indissociables de bienveillance sont investis avec conscience (moi, autrui, communautés et collectifs, la nature)
  • Dire : le premier des 4 accords toltèques est  : "Que votre parole soit impeccable". Une parole sincère, qui dit vraiment les choses, qui crée de la résonance entre ce que l'on pense et ce que l'on dit, en y mettant les formes. Quand on sent que l'interaction par la parole pourra créer une tension pour soi ou pour l'autre, il est fortement conseillé d'utiliser des outils comme la Communication Non Violente (CNV). Il faut prendre garde d'une dérive classique dans les relations de proximité : plus on se sent proche de quelqu'un, plus on s'autorise à dire les choses vertement, sans gants, à rabrouer, à utiliser des mots crus, ... Dire avec bienveillance permet de prendre soin à la fois de l'autre, de soi et de la relation.
  • Agir : "Dire" et "Agir" ne se suivent pas systématiquement : quelques fois, la décision se traduit directement par un acte. Quelques fois, la parole ne débouche pas sur une action. C'est notamment quand la parole exprime une intention et que finalement l'acte ne suit pas. En cela, il faut dire qu'une intention bienveillante qui ne se traduit pas par un acte (faute de temps, faute d'attention, oubli, ...) ou qui se traduit par un acte malveillant ou sans bienveillance est un raté de la bienveillance.

Un enjeu important que l'on peut déduire de ce processus est que la façon dont nous observons et pensons est déterminant sur le niveau de bienveillance de nos paroles et de nos actes. Autrement dit, la qualité de nos paroles et de nos actes dépend de la qualité de notre attention et de nos pensées (et de nos croyances qui créent des pensées automatiques puis possiblement des émotions et des comportements automatiques).

Lorsque le comportement est une interaction avec autrui, la personne en face peut être invitée (formellement ou non) à réagir (notion de "feedback") en mettant de la bienveillance dans le même type de processus (observer, penser, ressentir, ...). Ainsi l'interaction sera bienveillante et si cela devient récurrent, c'est la relation qui pourra être qualifiée de bienveillante.

Travailler la bienveillance sur ces différents verbes se réalise sur deux registres : la fréquence et l'intensité : augmenter la fréquence et l'intensité de la bienveillance, et diminuer la fréquence et la gravité de la malveillance. Ces différents fils à tirer pour améliorer la bienveillance sont résumés dans les deux tableaux suivants.





L'augmentation de la bienveillance et la diminution de la malveillance sont deux grands mouvements de la dynamique en 3 mouvement que j'ai décrite dans la diapositive ci-dessous que j'ai publiée récemment dans l'article Confinement, bienveillance et reconnaissance : fin de parcours


Et en cela, la bienveillance est exigeante car elle nécessite de jouer sur plusieurs fronts indissociables (les verbes évoqués précédemment). Inversement la malveillance peut venir de n'importe quel front que l'on n'aurait pas investi et de toute maladresse que l'on pourrait commettre. Sans oublier que bienveillance jouée et donnée n'est pas forcément bienveillance reçue. Ce qui n'est pas le moindre des enseignements à retenir sur la bienveillance : chacun voit midi à sa porte et chacun a sa propre conception, sa propre histoire, ses propres attentes, sa propre sensibilité de la bienveillance avec un grand malentendu de réciprocité : on juge la bienveillance des autres sur leurs actes alors qu'on voudrait qu'on juge la nôtre sur nos intentions !


(1) Il m'a fallu faire une recherche sur internet pour retrouver cette référence religieuse.


mercredi 15 avril 2020

Parallèle entre enjeux de confinement et enjeux de perte de poids


En cette période de confinement, et alors qu'on parle largement à la fois de déconfinement et de l'après-confinement qui pourrait ne plus être jamais ce qu'il a été avant le confinement, je vous propose de considérer le confinement comme l'opportunité d'opérer des changements durables sans attendre l'après-confinement.


Deux approches pour perdre du poids, dont la première ne fait pas le poids

Pour qui veut perdre du poids, existent grosso modo deux approches :
  • un régime pour un temps plus ou moins long
  • un changement des habitudes alimentaires couplé avec d'autres changements d'habitudes de vie
J'appelle le mode "régime" (qui par beaucoup de facettes relève aussi de la mode), le "mode apnée". En effet, on adopte un régime plus ou moins drastique le temps d'atteindre un poids donné. Une fois ce poids atteint (ou pas, parce qu'on peut abandonner avant), on revient aux "bonnes habitudes" avec un effet rebond important parce qu'on a été en manque d'un certain nombre de petits et grands plaisirs et qu'on a besoin de rattraper la période passée placée sous le poids de la frustration. Et ça procure énormément d'un plaisir éphémère de pouvoir compenser. A l'image d'une longue inspiration que l'on prendrait après avoir retenu sa respiration pendant quelques dizaines de secondes. D'où le terme "apnée". Vous me voyez probablement venir avec un parallèle avec la sortie du confinement, mais un peu de patience. Avant d'en arriver là, considérons que ce mode provoque très souvent un cercle vicieux ou une sinusoïde alternant période d'apnée, puis période de reprise de poids, puis apnée, ... Le corps est ballotté, le mental aussi dans ce yoyo qui a tendance aussi à donner le tournis à l'entourage. Par contre, c'est évidemment bon pour le chiffre d'affaire de toutes les activités économiques qui voient revenir vers elles périodiquement les clients qu'elles ont eus pendant un temps.

Dans la deuxième approche, il ne s'agit pas de se mettre en mode guerrier pendant un temps mais de changer plus ou moins profondément son rapport à la nourriture, à son hygiène de vie, à la nature, à soi, possiblement selon 4 axes de ma deuxième modélisation de la bienveillance :
  • moi, l'image que j'ai de moi-même et mes aspirations les plus profondes,
  • moi en tant que tout : mes organes,
  • moi en tant que membre de "tout" : notamment les impacts sur mon entourage familial et ma prise de conscience de faire partie de la nature qui m'offre des produits dont certains peuvent être cultivés sans pesticides
  • autrui : l'image que je donne aux autres.
Le changement opéré ne se veut pas éphémère : il se veut comme un tournant dans la vie et constituera une nouvelle façon de vivre sa vie, notamment au niveau de son hygiène de vie. Il s'agira aussi de la découverte de nouveaux plaisirs, notamment gustatifs, à travers des produits sains.
On découvre ainsi que les anciennes habitudes alimentaires tournaient avec quelques produits et recettes toujours les mêmes, et qu'en éliminant des produits malsains et en réduisant les quantités, en réalité on ouvre une palette beaucoup plus large en mettant la curiosité dans la boucle. Et si le cas échéant est intégrée une dimension d'activité physique qui était absente ou insuffisante, il y a aussi le plaisir de se bouger, de se dépenser et de détendre le corps et l'esprit.

Ces deux mêmes types d'approche pour la confinement ?

Pendant le confinement, il y a des modifications, des adaptations de nos modes de vie qui s'imposent d'elles-mêmes en quelque sorte. D'autres relèvent de notre choix entre plusieurs façons de faire dont certaines peuvent résulter de notre créativité, de l'inspiration de ce que font d'autres personnes (de notre entourage ou à travers des pratiques recensées sur Internet). Sachant que le risque dans une telle période est de chercher des compensations (notamment la nourriture - sucré, salé, gras - , l'alcool, la cigarette, ...). En notant que dans "confinement", il y a la même racine que dans confis, confiture, confiserie.

La question fondamentale que je vous propose de vous poser est la suivante : modifications et adaptations pour combien de temps ? Le temps du confinement ? Et que va-t-il se passer dès le déconfinement ? Un effet rebond, une grande inspiration après une apnée ? Reviendrons-nous à nos bonnes et moins bonnes habitudes ?

Je vous propose de considérer ce confinement comme l'opportunité de changer certaines habitudes de votre vie, non pas le temps du confinement, mais de manière durable, à l'instar de la deuxième approche pour perdre du poids.

Dans quels domaines ? Ils peuvent être très diverses et à chacun de profiter du confinement pour :
  1. se relier à ses aspirations les plus profondes et à envisager quels changements pourraient être initiés pendant ce confinement ou renforcés ; peut-être les avez-vous déjà initiés à l'occasion du confinement ?
  2. interroger dans vos habitudes de vie ce qui constituent des petits cailloux dans vos chaussures et/ou les petits cailloux que vous mettez dans les chaussures de vos proches ; des petits cailloux qui sont d'autant plus irritants dans un contexte de promiscuité
Je donne quelques exemples, un peu sous la forme d'une liste à la Prévert :
  • changer mon mode d'approvisionnement des fruits et légumes en privilégiant le local, les circuits courts, la saisonnalité, le bio, ... ce qui aurait un impact sur la qualité de l'alimentation
  • mutualiser des outils avec des voisins
  • prendre à bras le corps ma tendance à m'énerver pour un rien
  • donner plus d'autonomie à mon enfant et être moins sur son dos
  • créer mon potager
  • arrêter d'acheter des bouteilles d'eau
  • composter les restes de mes fruits et légumes
  • arrêter d'acheter des vêtements et des objets décoratifs tous les 4 matins ; régulièrement, je m'aperçois que je jette des choses qui sont encore réutilisables simplement parce que je n'ai plus de place pour les stocker et il faut que j'en crée pour des choses que je vais acheter dont une partie ne sera guère utilisée
  • je m'aperçois que je peux faire mes courses qu'une fois par semaine et que je n'ai pas besoin d'y aller tous les deux jours
  • je vais garder l'habitude d'appeler ma mère très régulièrement et d'utiliser la vidéo
  • j'ai découvert les joies de faire un journal de gratitude ; il n'y a pas de raison que je l'arrête à la fin du confinement
  • j'apprends à faire une seule chose à la fois et je me sens moins stressé
  • chaque matin, j'ai décidé de me programmer dans la journée une ou deux activités plaisir et de les vivre pleinement
  • cette période de confinement me fait poser question sur le sens et l'utilité de mon métier ; en tout cas, je ne veux plus jamais le faire comme avant
  • ...
Si l'après-confinement s'entend souvent au niveau sociétal, nous pouvons chacun de nous nous saisir de cette période de confinement pour initier et renforcer des changements durables d'habitudes de vie.
En cela, cela fait écho à la signification du mot "crise" en chinois : la combinaison de deux idéogrammes : danger et opportunité. L'opportunité à saisir non pas seulement demain par la société, mais dès aujourd'hui au niveau individuel et familial.


lundi 13 avril 2020

Reconnaissance et société de la Bienveillance

Article révisé et complété le 23/4/2020 suite à la nouvelle édition des gestes de reconnaissance avec 15 gestes.



En cette période de confinement, j'ai une pensée pour celles et ceux qui n'ont personne pour les aimer (15), qui ne reçoivent pas de sourire (1), à qui l'on ne dit pas bonjour (2), qui sont dans des collectifs - notamment de travail - où ils·elles ne se sentent pas les bienvenu·es (3), dans un climat de défiance (4), sans attention portée à eux·elles (5), sans acte altruiste à leur bénéfice (6), sans personne voulant travailler ou jouer avec elles·eux (7), personne pour tenir compte de leur avis (8), personne pour apprécier ce qu'ils·elles font (9), personne pour les remercier (10) ou les féliciter (11), personne pour leur faire des retours constructifs (12), personne pour partager leurs publications sur les réseaux sociaux (13), sans signe qu'on peut être d'accord avec eux·elles (14) et personne qui ne rit quand ils·elles essayent d'être drôles (14).



Certaines personnes sont effectivement privées de tous signes de reconnaissance ou de beaucoup de ces gestes. Heureusement que pour beaucoup, s'il y a manque de reconnaissance ou non reconnaissance, elle ne concerne pas tous les gestes de reconnaissance ni l'ensemble des écosystèmes d'appartenance (famille, travail, amis, quartier, association, ...).

D'autres ne sont pas en capacité de voir les signes de reconnaissance qui leur sont envoyés et ont l'impression d'être sous-reconnus. Et c'est important de prendre conscience que la reconnaissance revêt une dimension objective et une dimension subjective. On peut aussi voir la reconnaissance comme un signal envoyé par un émetteur et reçu par un récepteur. Il peut y avoir une distorsion ou une perte de signal : la reconnaissance n'est pas forcément reçue au niveau où elle a été émise. Maintenant, ce n'est pas parce qu'elle n'est pas accueillie à sa juste mesure qu'elle n'a pas produit un effet positif (éventuellement inconscient).
Il en est de même pour la bienveillance :


D'autres encore vont focaliser sur les signes de reconnaissance qui leur manquent et occulter la reconnaissance dont ils·elles bénéficient. Les feedbacks ont été analysés par un économiste italien ; c'est le concept de ligne de Losada (nom de cet économiste) qui met en évidence que les feedbacks  négatifs pèsent 3 fois plus que les feedbacks positifs. Il faut donc délivrer dans une équipe de travail au moins 3 fois plus de feedbacks positifs que de feedbacks négatifs (et vous serez probablement d'accord avec moi qu'il y a du boulot en la matière dans le monde du travail d'aujourd'hui). Dans le même ordre d'idée, on sait que l'être humain est plus marqué par des perspectives de perte que de gain (une perspective de perte de 100€ pèse autant qu'un gain de 200€). Donc un signe de non reconnaissance ou le manque de reconnaissance peuvent marquer significativement notre moral alors que par ailleurs la vie nous offre de belles choses.

Et c'est bien une conscience juste, une forme de lucidité, une capacité à l'appréciation et à la gratitude, et la régulation des émotions et de l'humeur qui permettent d'avoir un panorama plus juste de la reconnaissance qui nous est donnée. Cela nous permet aussi de relativiser.

Evaluation de la reconnaissance

Il y a aussi besoin de sortir d'une vision noir ou blanc qui ferait que notre situation de reconnaissance serait merveilleuse ou nulle. On pourrait se dire que la reconnaissance se mesure sur 10 et que chacun pourrait évaluer son niveau de reconnaissance entre 0 et 10.

Mes deux schémas sur les gestes du quotidien - 15 gestes de reconnaissance (cf image ci-dessous) et 15 gestes antithèses(cf image en début d'article) - permettent déjà de discriminer en fonction des types de gestes. Par exemple : on me dit facilement bonjour, on me fait confiance, mais personne ne vient m'aider quand je suis en surcharge.




Par ailleurs, il est possible d'évaluer les 15 gestes dans chacune des sphères de vie. Dans certaines sphères les gestes de reconnaissance seront plus nombreux et/ou plus significatifs que dans d'autres.

Reconnaissance attendue, reçue - Reconnaissance donnée

Comme vous le constatez, je m'exprime dans cette publication sous l'angle de la reconnaissance que l'on reçoit (qui nous est donnée). L'évaluation mérite aussi d'être réalisée sous l'angle de la reconnaissance que l'on donne (en se posant la question de la façon dont elle est reçue). Concernant l'évaluation de la reconnaissance l'on pourrait donner et que l'on ne donne pas, il est intéressant de se demander quels sont les freins : manque de temps ? manque d'attention ? manque d'entrain ? logique comptable (je ne veux pas en donner parce qu'on ne m'en donne pas) ? ...

Une évaluation posée et sans complaisance sur soi-même de la reconnaissance qu'on donne permet souvent de relativiser ses propres frustrations de reconnaissance. Quand on prendre conscience qu'on a des marges de progrès plus ou moins importantes de distribution de sa reconnaissance à autrui, on devient probablement plus indulgent par rapport aux marges de progrès des autres vis-à-vis de soi-même. Autrement dit, mes frustrations de manque de reconnaissance sont peut-être à la hauteur de la frustration que je te crée en ne me donnant pas le temps de te donner plus de reconnaissance.

Il est important de remarquer que la reconnaissance que l'on attend dépend peu de nous (malgré nos gesticulations quelques fois maladroites) alors que bien évidemment la reconnaissance que l'on donne est très souvent à notre portée.

Et donc plutôt que de focaliser chacun sur notre manque de reconnaissance, consacrons-nous à la reconnaissance que l'on donne. Si cette dynamique est généralisée : toute reconnaissance donnée a le potentiel de devenir de la reconnaissance reçue. Dans une telle dynamique généralisée, tout individu est potentiellement à la fois distributeur de reconnaissance et receveur de reconnaissance.
Le deuxième avantage très substantiel d'une telle culture étant, qu'à de rares exceptions près, les gestes de reconnaissance donnés procurent du bien-être pour son auteur. Autrement dit, quand tu distribues un geste de reconnaissance, tu te fais déjà du bien à toi-même. Il s'agit donc d'une logique gagnant-gagnant et d'un cercle vertueux (ou spirale ascendante) :

  • gagnant pour le distributeur de reconnaissance
  • gagnant pour le receveur de reconnaissance
  • gagnant pour l'écosystème dont le climat va s'en ressentir et dans lequel les interactions seront stimulées et valorisées
  • gagnant pour les écosystèmes voisins par effet de contagion
Chaque gagnant se trouvant motivé à délivrer de plus en plus de gestes de reconnaissance et à apprécier de plus en plus ceux qu'il reçoit.

Reconnaissance et lien avec la société de la Bienveillance

En quoi la reconnaissance contribue-t-elle à la constitution d'une société de la Bienveillance ? Les 15 gestes de reconnaissance au quotidien sont autant de manières diverses de veiller concrètement au bien sur 4 axes de bienveillance indissociables : autrui, communautés et collectifs auxquels on appartient, autres qu'humains (nature) et soi-même.

J'ai classé les 15 gestes dans 4 catégories qui constituent des enjeux de bienveillance (avec 4 verbes) :

  • bien vivre ensemble : avec des gestes qui sont à la base de tout : regard, sourire et bonjour pour amorcer une interaction et signifier à l'autre qu'il·elle existe et qu'il·elle mérite qu'on s'arrête pour lui·elle
  • coopérer : ma conviction est que la société de la Bienveillance sera forcément et fortement coopérative ; des collectifs et communautés où l'on sait accueillir, intégrer, faire confiance, porter attention, s'entraider, exprimer l'envie de travailler mutuellement les uns avec les autres.
  • valoriser : la culture du feedback est complètement indissociable de celle de la bienveillance ; tous les gestes de valorisation naissent de l'attention et de la curiosité qu'on porte aux actes d'autrui, d'une appréciation, de la gratitude qui vont donner l'impulsion de l'expression d'un "j'aime", d'un "merci", d'un "bravo", d'un avis constructif et l'envie de faire connaître autour de soi les belles choses que l'on a vu et qui nous ont marqué
  • unir : nous avons besoin de relation de proximité, de nous sentir en harmonie, en accord et d'exprimer notre amour, notre amitié et de l'accompagner par des actes d'attention et de soin pour celles et ceux que nous aimons.

Autant de gestes de reconnaissance qui nécessitent une prise de conscience majeure qui fera l'enjeu central d'une société de la Bienveillance : la nécessité et le plaisir de se donner du temps pour apprécier le moment présent et ce qu'il nous apporte, et pour délivrer des gestes de reconnaissance de toutes sortes, en ne laissant de côté aucun de ces types de gestes, chacun ayant une véritable utilité.

La culture de la distribution de la reconnaissance et de l'appréciation de la reconnaissance reçue font clairement partie du socle de la société de la Bienveillance à laquelle j'aspire.

dimanche 12 avril 2020

Confinement, bienveillance et reconnaissance : fin de parcours

Ce dimanche 12 avril 2020 s'achève le parcours que je vous ai proposé il y a deux semaines jour pour jour, le dimanche 29 mars 2020 autour de la reconnaissance et de la bienveillance En cette période de confinement, la cellule familiale, territoire de bienveillance et de reconnaissance.



Je l'ai moi-même décliné dans mes écosystèmes d'appartenance, jour après jour, et j'espère qu'il vous aura donné des petits trucs, des stimulations pour apporter de la fluidité dans cette période propices aux tensions intrapersonnelles et interpersonnelles. L'objectif étant aussi de commencer ou de poursuivre un cheminement de transition, en souhaitant que vraiment l'après confinement s'ouvre sur un monde avec plus d'humanité et plus de coopération au sein de la biosphère, avec les autres qu'humains et une utilisation raisonnable et respectueuse des ressources de la nature.

En janvier 2019, j'avais réalisé un schéma donnant l'antithèse des 13 gestes de reconnaissance au quotidien. La voici mise à jour avec le 14ème geste :


Ce schéma met en évidence que l'antithèse de la reconnaissance relève de deux types :

  • l'absence de reconnaissance et donc l'absence des gestes promus dans les 13+1 gestes de reconnaissance ; une absence non intentionnelle qui est souvent causée par le manque de temps 
  • la non reconnaissance ou le déni de reconnaissance qui consiste à refuser ostensiblement la reconnaissance : refuser de remercier, refuser de faire confiance, ne pas vouloir aider voire mettre des bâtons dans les roues, ...
On peut ainsi tracer un continuum allant du moins reconnaissant au plus reconnaissant, avec 3 segments : 
  • la non reconnaissance et le feedback négatif
  • l'absence de reconnaissance et l'absence de feedback ; ce segment n'étant absolument pas neutre et créant clairement des risques à la santé mentale
  • la reconnaissance et le feedback positif.
Puisque ce parcours m'a permis de croiser la reconnaissance et la bienveillance, je veux mettre en évidence ici que s'agissant de la bienveillance, nous retrouvons dans ma modélisation de la bienveillance le même type de continuum avec les 3 segments :

  • la malveillance
  • l'absence de bienveillance ; ce segment étant lui aussi non neutre et porteur de risques pour la santé mentale
  • la bienveillance.


Et puisqu'une de mes motivations à la création de ce parcours était de réduire les risques de tensions et d'agressivité (voire de violences) au sein des foyers, il me semble important en cette fin de parcours de situer les enjeux de la bienveillance, qui vont au-delà de ne pas franchir le terrain de la malveillance, de la maltraitance, de la violence ... 

Et pour ce faire je m'appuie sur le tableau suivant de ma conception :

Je distingue 3 types d'actes :
  • faire du bien
  • faire du mal
  • signaler/dénoncer le mal (notamment fait à autrui, mais aussi à soi-même)
Et il y a l'antithèse :
  • ne pas faire le bien que l'on pourrait faire
  • ne pas faire du mal alors qu'on pourrait être tenté de le faire parce que c'est la facilité (s'énerver verbalement contre quelqu'un, donner une gifle à un enfant, ...)
  • ne pas signaler/dénoncer le mal (par exemple des violences apparemment commises chez les voisins du dessus)
De ce tableau j'ai déduit 3 dimensions ou 3 dynamiques indissociables de la bienveillance (Bienveillance 3D) :


En notant bien que la bienveillance ne saurait se limiter à ne pas être malveillant. Ces trois dimensions étant présentées dans une logique du "ET" : il faut travailler à la bienveillance sur ces trois dimensions, en n'en laissant de côté aucune.

Et j'ai déduis 3 types d'accro possibles de la bienveillance :


Je les ai rangés par ordre décroissant de gravité. Ils apparaissent dans une logique de "OU" : une quelconque de ces situations pose un problème de bienveillance.

Et la bienveillance maintenant, c'est le déconfinement ?

En cette période de confinement, j'espère avoir toute la lucidité et la reconnaissance suffisante pour avoir suffisamment conscience de ce en quoi ma situation de confinement est facile.

Une partie de moi me fait espérer que cette période de confinement inscrira dans notre société et dans notre quotidien des habitudes de comportements coopératifs suffisamment fortement pour qu'ils se substituent à d'autres habitudes caractéristiques de la société de consommation et de la compétition. Et pour ce faire, il faut que cette période dure suffisamment longtemps. Par ailleurs, il y a ma bienveillance pour les soignants qui me fait être convaincu que cette période doit durer le temps qu'il faut pour ne pas les mettre dans des situations encore plus difficiles et dramatiques que maintenant, et notamment ne pas créer de situations où ils seraient obligés de sélectionner les personnes qui pourraient être sauvées (les autres ne pouvant l'être faute notamment de respirateurs).

Et une autre partie de moi pense à toutes les personnes qui souffrent par peur du virus, par angoisse face à l'avenir, en difficulté financière, en tension dans un quotidien de promiscuité, éloignées de leurs proches, loin de chez elles (notamment celles bloquées à l'étranger), dans la solitude, dans la faim, qui voient jour après jour se rapprocher la menace d'une faillite, qui sont en attente d'une opération jugée non urgente ou d'une consultation qui leur permettrait de soulager leur quotidien ... Ma bienveillance voudrait que le déconfinement démarre le plus vite possible.

Cette ambivalence montre que la bienveillance n'est pas chose facile et qu'il faut savoir hiérarchiser. La hiérarchisation amenant à des prises de décisions qui ne sont jamais neutres et font souvent des victimes directes ou collatérales.

La bienveillance doit aller aussi envers celles et ceux qui doivent prendre des décisions au nom d'une communauté (local, régionale, nationale, internationale) : il est tellement facile de critiquer dans son fauteuil. Bien que très vigilant à mettre le juste niveau d'indulgence, je me surprend moi aussi à émettre des jugements sans indulgence vis-à-vis de certaines décisions qui me semblent peu rationnelles. C'est donc un vrai effort d'indulgence dont nous avons besoin. Ce qui ne veut pas dire non plus que nous ne devons pas avoir un esprit critique.

J'aurai l'occasion de publier d'autres articles autour de la bienveillance et n'hésitez pas à exprimer vos avis, questions, attentes, témoignages, ... sur le sujet en mettant un commentaire à cet article.

Confinement, bienveillance et reconnaissance - Episode 14 : Je t'écoute

Bonjour, nous voici arrivés à la fin de ces deux semaines.



Comme annoncé dans ma publication En cette période de confinement, la cellule familiale, territoire de bienveillance et de reconnaissance de dimanche 29 mars 2020, voici donc le dernier épisode d'une série de 14 articles autour des 13+1 gestes de reconnaissance au quotidien que je rappelle dans le schéma ci-dessous.



Je rappelle que ce "travail" de transition intérieure et intrafamiliale que je vous propose en cette période de confinement répond à deux motivations :
  • Une motivation par rapport à l'avenir : préparer et renforcer les bases d'une société de la bienveillance pour l'après confinement
  • une motivation immédiate renforcée par les chiffres évoqués par le ministre de l'intérieur sur l'augmentation des violences conjugales : le confinement fait porter des risques sur les femmes, les enfants, les relations et l'ambiance de la cellule familiale. Cultiver la bienveillance et la reconnaissance dans cette période est une action de prévention des tensions et des violences.
En ce dimanche 12 avril 2020, 14ème et dernier jour de ce parcours, nous nous intéressons au 14ème geste : Je t'écoute

Mon invitation est que vous vous donniez du temps pour écouter avec empathie et aussi à revenir vers les personnes qui vous ont inspiré et de les remercier ... dans vos écosystèmes (notamment le foyer) et dans vos interactions.

"Je t'écoute" est présenté dans le diaporama suivant selon 4 axes de bienveillance :
  • autrui (axe le plus naturel quand on évoque la bienveillance)
  • soi-même
  • les collectifs et communautés auxquels ont appartient, et ici en particulier le foyer, en période de confinement
  • la nature





Ce diaporama au format pdf.

Je donne une précision sur ce 14ème geste qui s'ajoute à l'édition d'octobre 2017 promouvant 13 gestes de reconnaissance au quotidien : à l'occasion des nombreux échanges avec mon ami Christian Bruneteau, et grâce à lui, m'est venue l'idée de ce 14ème geste. Mutuellement nous avons échangé des avis, des conseils, et régulièrement ils ont été inspirants, guidants et nous nous sommes apportés le geste de reconnaissance de dire l'un à l'autre que nous les avions écouté et qu'ils avaient été bénéfiques. Le fait de dire à une personne que l'on a pris en compte son avis est un geste de reconnaissance de valorisation. Pour autant, il ne faut pas que cela relève d'une obligation : la personne qui donne un avis, un conseil, une suggestion, ... n'a pas à attendre ni à exiger que la personne à laquelle elle s'adresse lui rapporte si (quand) elle en a tenu compte, complètement ou partiellement. Selon moi, c'est un geste qui ne peut s'entendre que spontané.

En voulant intégrer ce geste, j'ai aussi mentionné le verbe "Ecouter" dans son sens premier : celui de l'empathie qui bien évidemment est un geste de reconnaissance ; c'est un cas particulier du geste "Je porte attention à toi".

L'écoute est un exercice qui n'a rien de simple. Même le conseil le plus banal que l'on prodigue en la matière ne l'est pas : "Se mettre à la place de ...". Oui, mais pas n'importe comment. Parce que si c'est pour dire après avoir écouté : "moi à ta place, je n'aurais jamais fait ..." le risque est fort que très pertinemment la personne écouté fasse le retour "Oui, mais justement, tu n'es pas à ma place".
Se mettre à la place, c'est essayer de comprendre la réalité de la situation, la perception et les aspirations de la personne en face. Ce n'est pas poser un regard sur un bout de la situation, de la voir à travers son propre prisme puis de passer dans la foulée en mode jugeant.

Dans le deuxième sens, il est important de valoriser les personnes qui ont pu nous inspirer directement par des conseils, avis, ... demandés ou proposés. Il y a constitution d'un cercle vertueux : la personne valorisée sur les apports qu'elle aura fait, sera plus encline à le faire la fois suivante.
A l'inverse, une personne qui aura l'impression que systématiquement les avis qu'on lui demande ne sont pas pris en compte aura tendance à ne plus en donner, voire à s'éloigner d'une relation qu'il finira par considérer comme relation poison ou polluante.
J'ajoute qu'écouter c'est aussi voir : non seulement on peut prendre en compte ce que quelqu'un nous a dit, mais aussi ce que quelqu'un nous a montré ou que nous avons pu observer sans intention de la personne inspiratrice de vouloir nous guider. Autrement dit : je t'ai écouté parce que je t'ai vu. Par exemple : "J'ai vu que tu avais paillé ton potager. Çà m'a donné l'idée de faire la même chose, et je t'en remercie".

Ainsi s'achève cette série qui, bien que cadencée sur des jours précis pendant ce confinement, peut aussi bien s'explorer pour les retardataires et à leur rythme, à n'importe quel moment à venir.

samedi 11 avril 2020

Confinement, bienveillance et reconnaissance - Episode 13 : Propagation

Bonjour, nous voici presque à la fin de ces deux semaines.



Comme annoncé dans ma publication En cette période de confinement, la cellule familiale, territoire de bienveillance et de reconnaissance de dimanche 29 mars 2020, voici donc le 13ème épisode d'une série de 14 articles autour des 13+1 gestes de reconnaissance au quotidien que je rappelle dans le schéma ci-dessous.



Je rappelle que ce "travail" de transition intérieure et intrafamiliale que je vous propose en cette période de confinement répond à deux motivations :
  • Une motivation par rapport à l'avenir : préparer et renforcer les bases d'une société de la bienveillance pour l'après confinement
  • une motivation immédiate renforcée par les chiffres évoqués par le ministre de l'intérieur sur l'augmentation des violences conjugales : le confinement fait porter des risques sur les femmes, les enfants, les relations et l'ambiance de la cellule familiale. Cultiver la bienveillance et la reconnaissance dans cette période est une action de prévention des tensions et des violences.
En ce samedi 11 avril 2020, 13ème jour de ce parcours, nous nous intéressons au 13ème geste : Propagation

Mon invitation est que vous vous donniez du temps pour relayer autour de vous les belles choses que vous voyez, qui vous sont arrivées, dont on vous a parlé ... dans vos écosystèmes (notamment le foyer) et dans vos interactions.

"Propagation" est présenté dans le diaporama suivant selon 4 axes de bienveillance :
  • autrui (axe le plus naturel quand on évoque la bienveillance)
  • soi-même
  • les collectifs et communautés auxquels ont appartient, et ici en particulier le foyer, en période de confinement
  • la nature





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Il me semble que s'il y a un signe de reconnaissance que l'on évoquera le moins facilement si on interroge quelqu'un sur la reconnaissance, c'est celui de la propagation.
Ce sont tous les gestes dont on va faire bénéficier autrui en parlant de lui·elle, de ses idées, de ses actes, de ses réussites, de ses talents, de ses qualités humaines, ... Avec Internet et en particulier avec les réseaux sociaux, cette forme de reconnaissance prend une ampleur considérable : chaque fois que l'on va relayer un des contenus de quelqu'un ou d'une organisation, y compris un contenu qui nous a été relayé(on sera donc un maillon d'une chaîne), c'est un signe qu'on manifeste de notre intérêt.

Evidemment un simple clic pour relayer n'aura pas le même impact que relayer une information en explicitant la raison pour laquelle on la relaie. C'est un point que j'ai déjà mentionné pour les gestes "J'aime", "Bravo !" et "Merci".

Ne minimisons pas ce geste en cette période particulière où la population s'interroge et pourrait se saisir de modèles alternatif au modèle dominant capitaliste et autodestructeur. Nous pouvons relayer des informations, nos témoignages, nos enthousiasmes, de belles histoires, des portraits de belles personnes, ...

Il est en particulier important que le plus grand monde s'aperçoive qu'il y a une aspiration qui se généralise à une transition intérieure, écologique, sociale et démocratique. Une prise de conscience que de multitudes d'initiatives germent à l'occasion de cette épreuve, dont une grande partie est basée sur la bienveillance et la coopération, VS quelques comportements carnassiers, déloyaux ou poussés par le seul intérêt particulier.

Il me semble qu'il faut aussi prendre conscience de l'impact relatif d'un tel relais sur internet à l'occasion de ce confinement : il y a une profusion d'informations qui circulent (infobésité) qui fait que très certainement beaucoup d'informations sont noyées dans ce déferlement. Et je pense y compris à ma propre initiative avec cette série. Mais il me semble opportun de s'inspirer en la matière de la parabole du colibri utilisée par le mouvement du même nom : chacun essaye de faire sa part modestement mais avec détermination.

vendredi 10 avril 2020

Confinement, bienveillance et reconnaissance - Episode 12 : Mon point de vue constructif

Bonjour en ce jour, soyons constructifs entre nous pour avancer et nous faire du bien !



Comme annoncé dans ma publication En cette période de confinement, la cellule familiale, territoire de bienveillance et de reconnaissance de dimanche 29 mars 2020, voici donc le 12ème épisode d'une série de 14 articles autour des 13+1 gestes de reconnaissance au quotidien que je rappelle dans le schéma ci-dessous.



Je rappelle que ce "travail" de transition intérieure et intrafamiliale que je vous propose en cette période de confinement répond à deux motivations :
  • Une motivation par rapport à l'avenir : préparer et renforcer les bases d'une société de la bienveillance pour l'après confinement
  • une motivation immédiate renforcée par les chiffres évoqués par le ministre de l'intérieur sur l'augmentation des violences conjugales : le confinement fait porter des risques sur les femmes, les enfants, les relations et l'ambiance de la cellule familiale. Cultiver la bienveillance et la reconnaissance dans cette période est une action de prévention des tensions et des violences.
En ce vendredi 10 avril 2020, 12ème jour de ce parcours, nous nous intéressons au 12ème geste, geste de valorisation et d'amour : Mon point de vue constructif

Mon invitation est que vous vous donniez du temps pour exprimer vos points de vue constructifs dans vos écosystèmes (notamment le foyer) et dans vos interactions.

"Mon point de vue constructif" est présenté dans le diaporama suivant selon 4 axes de bienveillance :
  • autrui (axe le plus naturel quand on évoque la bienveillance)
  • soi-même
  • les collectifs et communautés auxquels ont appartient, et ici en particulier le foyer, en période de confinement
  • la nature





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A l'occasion de la première publication de mon travail sur les gestes de reconnaissance (6 gestes), Patrick Rosez, coach, avec qui j'ai co-animé un collectif de réflexion et d'action sur les relations humaines, a réagi en me suggérant d'ajouter un geste : le point de vue constructif. Sa suggestion relevant elle-même de ce type de reconnaissance. Monique Pierson, conférencière, a réagi par un commentaire mettant en évidence la vertu du "Oui ET" en lieu et place du "Oui MAIS".

Ce geste de reconnaissance est très puissant. C'est un geste qui requiert une certaine habilité relationnelle, de la bienveillance et de la confiance de part et d'autre pour ne pas froisser la susceptibilité de celle·celui qui reçoit le point de vue constructif. Et en cela, Monique Pierson met le doigt sur un point essentiel : si on veut reconnaître quelqu'un, le valoriser, que l'on commence à lui dire des choses positives et que l'on enchaîne avec un "MAIS", tout ce qui suivra le "MAIS", d'autant plus s'il y a une connotation négative, va effacer d'un seul coup la valorisation exprimée quelques secondes avant. Un peu comme les bénéfices des vacances qui s'effacent d'un coup quand on relève sa boite email le jour de la reprise et qu'on se retrouve devant une pile ingérable d'emails et de sollicitations.

Le point de vue constructif se positionne sur un continuum de feedback que l'on peut superposer avec un continuum de la bienveillance :


Le feedback constructif, s'il a été exprimé avec bienveillance et qu'il est accueilli avec bienveillance est positif et souvent gagnant-gagnant (pour le bénéficiaire, pour soi parce qu'on a joué sa responsabilité, et possiblement pour l'écosystème). Dans ces conditions, on pourrait qualifier ce feedback de positif. Sur le continuum précédent, le "feedback +" (feedback positif) fait référence à un retour qui exprime un compliment : "bravo", "merci", "J'aime", "En accord", 4 gestes que j'ai présenté ces derniers jours.

La notion de feedback est essentielle dans les écosystèmes. Sans feedbacks, et notamment les feedbacks positifs et constructifs, les écosystèmes se tendent et se meurent. Les membres de ces écosystèmes ne s'y sentent pas bien, s'en plaignent, s'y désengagent, s'en vont ou restent par défaut.

Pour la constitution de territoires et d'une société de la bienveillance, la question du feedback est centrale dans une dynamique de transition. Selon moi, toute dynamique de transition doit saisir les question de la bienveillance et du feedback faute de quoi les meilleures intentions se heurteront à ce que certains appellent le PFH (Putain de Facteur Humain). Sachant que ma conviction est qu'il existe un PF au moins autant central : le PFT (Putain de Facteur Temps).
J'ai identifié 3 dynamiques indissociables qui nécessitent de se donner collectivement le temps de les jouer à plein avec détermination, conviction et lucidité :


Un aspect important du travail de modélisation sur la bienveillance que j'ai réalisé est de distinguer 3 segments sur le continuum de la bienveillance :

  • la malveillance
  • l'absence de bienveillance (qui n'est pas en territoire neutre, mais bien en territoire négatif)
  • la bienveillance
Mon observation de la société, et notamment dans le monde du travail avec ma casquette Qualité de Vie au Travail (QVT), m'a forgé la conviction que notre société souffre plus de l'absence de bienveillance (et notamment de l'absence de feedbacks positifs et constructifs) que de malveillance. L'absence de bienveillance étant causée par le manque de temps et une attention trop centrée sur des aspects superficiels et immédiats.

Tout l'enjeu de la culture de l'expression de points de vue constructifs est de recréer de la curiosité, de l'intérêt, de l'attention, de la responsabilité vis-à-vis d'autrui, des collectifs et communautés auxquels on appartient et à la nature, tout en sachant aussi se dire à soi-même avec bienveillance en quoi il est nécessaire de s'aligner sur ses aspirations les plus profondes (recherche de sens).

jeudi 9 avril 2020

Confinement, bienveillance et reconnaissance - Episode 11 : Je t'aime

Bonjour en ce jour où il y a de l'amour dans l'air !



Comme annoncé dans ma publication En cette période de confinement, la cellule familiale, territoire de bienveillance et de reconnaissance de dimanche 29 mars 2020, voici donc le 11ème épisode d'une série de 14 articles autour des 13+1 gestes de reconnaissance au quotidien que je rappelle dans le schéma ci-dessous.



Je rappelle que ce "travail" de transition intérieure et intrafamiliale que je vous propose en cette période de confinement répond à deux motivations :
  • Une motivation par rapport à l'avenir : préparer et renforcer les bases d'une société de la bienveillance pour l'après confinement
  • une motivation immédiate renforcée par les chiffres évoqués par le ministre de l'intérieur sur l'augmentation des violences conjugales : le confinement fait porter des risques sur les femmes, les enfants, les relations et l'ambiance de la cellule familiale. Cultiver la bienveillance et la reconnaissance dans cette période est une action de prévention des tensions et des violences.
En ce jeudi 9 avril 2020, 11ème jour de ce parcours, nous nous intéressons au 11ème geste, geste de valorisation et d'amour : Je t'aime

Mon invitation est que vous vous donniez du temps pour exprimer diversement votre amour dans vos écosystèmes (notamment le foyer) et dans vos interactions.

"Je t'aime" est présenté dans le diaporama suivant selon 4 axes de bienveillance :
  • autrui (axe le plus naturel quand on évoque la bienveillance)
  • soi-même
  • les collectifs et communautés auxquels ont appartient, et ici en particulier le foyer, en période de confinement
  • la nature





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Le "Je t'aime" va au-delà de sentiments exprimés à l'attention d'une personne dont on est amoureus·e. Il exprime une affection inconditionnelle qui peut aller aussi à ses enfants, à ses parents, à ses sœurs et/ou frères, à ses grands-parents, à ses amis ou dans une acception religieuse auprès de tout être humain qui nous entoure. Une façon d'exprimer à autrui qu'il est important à nos yeux et que par ailleurs, on lui prodiguera régulièrement des gestes de reconnaissance au quotidien.

En examinant la liste des 14 gestes de cette série, on s'aperçoit que bon nombre sont réalisables envers les personnes que nous aimons.

Je note cette particularité du "Je t'aime" qui, si on lui accole le mot "beaucoup", diminue de beaucoup sa puissance et change sa portée.

Je termine par trois enjeux centraux de cohérence pour que le "Je t'aime" résonne vraiment avec bienveillance :


  • quand on dit "Je t'aime" à la personne la plus proche de soi ou une des personnes les plus proches de soi et qu'en même temps on s'autorise à la rabrouer selon le principe du "qui aime bien, châtie bien", il y a problème de cohérence. Ma conception est que plus on aime quelqu'un plus on en prend soin et plus on fait attention à lui parler avec tendresse et sans aucune forme de violence et de brusquerie verbale. Et c'est effectivement en quoi la bienveillance est exigeante puisqu'elle demande du contrôle de soi et de régulation de l'humeur et des émotions
  • et évidemment, le "Je t'aime" est incompatible avec des formes de violence, que cela soit de la plus extrême à la plus ordinaire. Le "Je t'aime" ne doit pas côtoyer l'inacceptable. Mais quel est l'inacceptable ? Je vous renvoie sur un outil très intéressant le "Violentomètre" adapté à la demande du Conseil Régional d'Île-de-France par le Centre Hubertine Auclert sur la base d'un outil conçu fin 2018 par les Observatoires des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis et Paris, l’association En Avant Toute(s) et la Mairie de Paris. J'ai moi-même fait un premier travail d'adaptation de ce violentomètre pour intégrer la dimension d'absence de bienveillance absente. En effet, il faut selon moi que les personnes qui ne sont pas victimes de violence mais qui pour autant ne sont pas l'objet d'attention de leur partenaire puissent s'y retrouver autrement que d'avoir à se dire qu'elles devraient avoir beaucoup de chance de ne pas subir de violence, alors que pour autant leur relation n'est pas saine et satisfaisante. La combinaison "Je t'aime" et violence est une des caractéristiques des personnalités perverses narcissiques
  • Il y a un immense malentendu que j'ai pu constater dans la façon de concrétiser l'amour de certains parents envers leurs enfants : confondre faire du bien et faire plaisir. Centrer le rapport parent-enfant sur le plaisir est une fuite en avant qui se révèle presque inévitablement perdant-perdant (pour les parents, pour les enfants, pour les entourages, pour la société) et constitue un défaut de bienveillance ou une mauvaise conception de la bienveillance (l'enjeu de la bienveillance est de veiller au bien et non pas au plaisir).

mercredi 8 avril 2020

Confinement, bienveillance et reconnaissance - Episode 10 : Bravo !

Bonjour et bravo de tenir la distance de ce parcours (et du confinement aussi) !



Comme annoncé dans ma publication En cette période de confinement, la cellule familiale, territoire de bienveillance et de reconnaissance de dimanche 29 mars 2020, voici donc le dixième épisode d'une série de 14 articles autour des 13+1 gestes de reconnaissance au quotidien que je rappelle dans le schéma ci-dessous.



Je rappelle que ce "travail" de transition intérieure et intrafamiliale que je vous propose en cette période de confinement répond à deux motivations :
  • Une motivation par rapport à l'avenir : préparer et renforcer les bases d'une société de la bienveillance pour l'après confinement
  • une motivation immédiate renforcée par les chiffres évoqués par le ministre de l'intérieur sur l'augmentation des violences conjugales : le confinement fait porter des risques sur les femmes, les enfants, les relations et l'ambiance de la cellule familiale. Cultiver la bienveillance et la reconnaissance dans cette période est une action de prévention des tensions et des violences.
En ce mercredi 8 avril 2020, 10ème jour de ce parcours, nous nous intéressons au 10ème geste, geste de valorisation : Bravo !

Mon invitation est que vous vous donniez du temps pour féliciter dans vos écosystèmes (notamment le foyer) et dans vos interactions.

"Bravo !" est présenté dans le diaporama suivant selon 4 axes de bienveillance :
  • autrui (axe le plus naturel quand on évoque la bienveillance)
  • soi-même
  • les collectifs et communautés auxquels ont appartient, et ici en particulier le foyer, en période de confinement
  • la nature




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S'il est vrai que "Bravo !" a une proximité avec le "j'aime" dans certaines circonstances, il a tout de même la spécificité de reconnaître un effort, l'atteinte d'un résultat difficile. Il peut s'exprimer de manière bruyante (applaudissements) et donner lieu à un processus de contagion aboutissant à une expression d'un ensemble d'individus. Cela pouvant donner un impact émotionnel de forte intensité.
"Bravo !", le superlatif de la reconnaissance ?

C'est aussi une forme de carburant qui encourage à persévérer. Un "Bravo !" tombe juste s'il est exprimé avec sincérité et est proportionné.

A l'instar de beaucoup de ces gestes de reconnaissance, il est gagnant-gagnant :

  • évidemment, il devrait pouvoir être gagnant pour le bénéficiaire, sous réserve que ce dernier accepte de bon cœur les félicitations, ce qui n'est pas toujours le cas
  • il fait du bien pour celui qui exprime avec enthousiasme le "Bravo !"
  • au sein d'un collectif ou d'une communauté, il soude, il contribue à une bonne ambiance
Par ailleurs, il a un effet potentiellement très contagieux ; l'exemple le plus flagrant : commencez à applaudir dans une salle de spectacle ou dans une cérémonie.

 S'il est spontané, le "Bravo !" a un effet stimulant et énergisant. Alors, ce serait dommage de ne pas en profiter en association avec le "J'aime" et le "Merci", car bien souvent il est des occasions où l'on a envie d'exprimer les 3 à la fois.

mardi 7 avril 2020

Raconte-nous ton histoire de gratitude !

En cette journée consacrée à la gratitude dans le cadre de la série que j'ai démarrée le lundi 30 mars 2020, je vous invite à apporter votre contribution : rapporter pas votre témoignage écrit, voire sous forme de vidéo, un moment ou des moments de votre vie empreints de la gratitude que vous avez ressentie, de celle que vous avez exprimée et des impacts positifs (sur vous-même, sur le bénéficiaire, plus largement autour de vous, ...).



Vous pouvez articuler votre témoignage ou faire référence aux étapes clés de ma modélisation du processus de gratitude ci-dessous et que j'ai décrit dans l'article du jour Confinement, bienveillance et reconnaissance - Episode 9 : Merci ! :



Vous voulez témoigner par écrit ? Faites le simplement en mettant un commentaire à cet article. Si vous avez déjà témoigné sur le sujet sur internet, vous pouvez mettre le lien de votre publication.
Si vous voulez témoigner par vidéo, enregistrez-vous et publiez sur un site accueillant les vidéos, puis mettez un commentaire en indiquant le lien vers la vidéo.

Et peut-être que la cerise sur le gâteau de la gratitude serait que vous transmettiez votre témoignage à la personne ou les personnes bénéficiaires de votre gratitude.

Confinement, bienveillance et reconnaissance - Episode 9 : Merci !

Bonjour ! Aujourd'hui, je commence par une ouverture un peu triviale : on en vient à du lourd, à du très lourd en matière de reconnaissance :



Comme annoncé dans ma publication En cette période de confinement, la cellule familiale, territoire de bienveillance et de reconnaissance de dimanche 29 mars 2020, voici donc le neuvième épisode d'une série de 14 articles autour des 13+1 gestes de reconnaissance au quotidien que je rappelle dans le schéma ci-dessous.



Je rappelle que ce "travail" de transition intérieure et intrafamiliale que je vous propose en cette période de confinement répond à deux motivations :
  • Une motivation par rapport à l'avenir : préparer et renforcer les bases d'une société de la bienveillance pour l'après confinement
  • une motivation immédiate renforcée par les chiffres évoqués par le ministre de l'intérieur sur l'augmentation des violences conjugales : le confinement fait porter des risques sur les femmes, les enfants, les relations et l'ambiance de la cellule familiale. Cultiver la bienveillance et la reconnaissance dans cette période est une action de prévention des tensions et des violences.
En ce mardi 7 avril 2020, 9ème jour de ce parcours, nous nous intéressons au 9ème geste, geste de valorisation : Merci

Mon invitation est que vous vous donniez du temps pour exprimer votre gratitude dans vos écosystèmes (notamment le foyer) et dans vos interactions. Comme je vais le développer dans le diaporama, exprimer la gratitude est l'aboutissement de tout un processus où celui qui va exprimer sa gratitude baigne dans une succession d'émotions positives.

"Merci" est présenté dans le diaporama suivant selon 4 axes de bienveillance :
  • autrui (axe le plus naturel quand on évoque la bienveillance)
  • soi-même
  • les collectifs et communautés auxquels ont appartient, et ici en particulier le foyer, en période de confinement
  • la nature




Ce diaporama au format pdf.

"Merci" est un signe de reconnaissance essentiel que l'on peut attendre en réaction notamment à nos actes altruistes. Un peu comme une balance qu'il s'agirait d'équilibrer. Effectivement, dans notre enfance nous avons été habitués à retourner un "merci" pour les choses qu'on nous donne, pour l'aide qu'on nous apporte. C'est aussi considéré comme une forme de politesse. Et en effet, beaucoup d'entre nous ont probablement une petite phrase dans la tête qui leur reste de leur enfance "Et on dit quoi ? ... Merci !"

Comme pour "bonjour", "merci" est à la fois simple et compliqué.
Simple comme "bonjour" (d'où l'expression, si si je vous assure ça vient de là ! ;-)) avec aussi deux syllabes et le fait que cela peut être intégré dans nos habitudes.

Compliqué, car certaines personnes sont mal à l'aise avec le "merci". Et pas seulement celui qui dit merci. En effet, on a toutes et tous croisé à un moment de notre vie des personnes qui montrent une gêne voire même quelques fois de la mauvaise humeur à être remerciées et encore plus si on veut leur donner en retour.

La gratitude est considérée par la psychologie positive comme un levier puissant et facilement activable du bien-être psychique ... pour celui qui ressent et donne de la gratitude.

Je reviens sur une diapositive du diaporama consacrée à une de mes deux modélisations du processus de gratitude :


Je décortique ce schéma pour celles et ceux qui ne sont pas friands des schémas :

  • La gratitude naît de l'attention : sans attention portée au moment présent, à ce que la vie nous donne et à ce qu'autrui nous donne, il n'y a pas de gratitude possible. Ce qui met en évidence la nécessité de la conjonction de deux conditions essentielles à la gratitude : se donner du temps et avoir l'esprit dans l'ici et maintenant
  • (1) Si mon attention est portée à ce qui se passe ici et maintenant, je vais pouvoir (2) apprécier des aspects de ce moment présent. L'appréciation étant une émotion positive, donc premier impact émotionnel positif
  • Il est fréquent que le moment apprécié soit attribuable pour tout ou partie à autrui. Il s'agit donc de (3) prendre conscience de la personne ou des personnes à qui attribuer ce bon moment. A noter que l'attribution n'est pas forcément instantanée et qu'il me faut mener une "petite enquête". Je donne un exemple : ce matin quelqu'un est venu ouvrir la fenêtre de mon bureau pour faire entrer de la fraîcheur dans cette période de canicule. Mais qui remercier ?
  • Maintenant que je sais à qui je peux attribuer ce bon moment ou ce geste, je vais peut-être (4) apprécier particulièrement les conditions particulières sous lesquelles la personne ou les personnes ont contribué. Par exemple, je vais comprendre qu'elle a passé ou qu'elles ont passé beaucoup de temps et d'énergie. Je vais donc "apprécier" aussi dans le sens de donner une valeur à leur contribution. Deuxième impact positif émotionnel.
  • Une émotion va alors m'envahir, plus ou moins puissante selon la contribution, l'impact sur ma vie, l'historique relationnel, ... : (5) le ressenti de gratitude. Pour ma part, j'ai pu ressentir physiquement dans les moments de gratitude les plus forts un frisson qui est remonté tout au long de ma colonne vertébrale jusque dans la nuque. A cette étape du processus, il faut donc bien comprendre le côté gagnant-gagnant de la gratitude : non seulement le bénéficiaire de l'expression de la gratitude devrait être impacté positivement, mais aussi la personne qui exprime sa gratitude. Et c'est d'ailleurs la première gagnante dans ce processus. Le premier gagnant chronologiquement dans la gratitude, c'est celui qui l'exprime. Autrement dit, en remerciant, c'est déjà moi le premier servi en émotions positives ; en remerciant, je me vais du bien. On prend conscience que la gratitude est loin d'être seulement une question de savoir-vivre, de politique, de justice et de morale. Selon moi, c'est en premier lieu un enjeu de bien-être psychique pour soi-même.
  • Si on s'en arrêtait là, la gratitude serait égoïste. Pour que le processus soit complet et porte tout le sens de la reconnaissance, il faut que la gratitude soit (6) exprimée. Et je reviens à une des conditions de la gratitude : se donner du temps. J'imagine que vous êtes comme moi et que vous vous dites quelques fois a posteriori "J'ai oublié de le·la remercier" ou "Je ne l'ai pas assez remercié". Tout l'intérêt de la culture de la gratitude, c'est que plus on développe une attitude de gratitude, plus on arrive à exprimer la gratitude "en direct live". Notez aussi que plus on progresse en gratitude plus on relève les occasions de ressentir et d'exprimer la gratitude. Et plus s'installe la joie de vivre car on construit une image du monde et d'autrui qui devient de plus en plus belle.
  • Remercier n'est pas l'étape finale. Pourquoi ? Parce que le bénéficiaire de la gratitude va  (7) réagir à cela : le plus souvent avec émotion positive ; quelques fois en recevant mal le "Merci" (certaines personnes sont mal à l'aise avec la réception de remerciement). Ce que l'on peut constater fréquemment, c'est que se met en place une forme de jeu de ping-pong de gratitude : la personne en face va renvoyer un merci à son tour ("Mais il n'y a pas de quoi. C'est plutôt moi à te remercier, parce que ..."). Le processus de gratitude s'inscrit en réalité dans un cercle vertueux gagnant-gagnant où tour à tour les personnes concernées sont émetteur puis récepteur de reconnaissance.
Si vous voulez faire entrer ou développer la gratitude dans votre quotidien, je vous renvoie sur l'usage d'un cahier de gratitude et sur mon article Le journal AGIR pour pratiquer l'appréciation, la gratitude, l'inspiration et l'expression de la reconnaissance. Vous accéderez à un modèle de journal de gratitude que j'ai élaboré, en m'inspirant de la psychologie positive.