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Voici le 4ème épisode de mes chroniques sur la bienveillance inspirées de l'actualité dans le cadre de mon travail de modélisation d'une Société de la Bienveillance.
Il est inspiré d'une vidéo merveilleuse dont je me suis délecté ce matin, dialogue à distance - pandémie oblige - entre Edgar Morin et Matthieu Ricard dans le cadre du festival "climax régénération 2020" à Bordeaux Darwin il y a quelques jours.
Cette vidéo va me permettre dans cette chronique d'en dire plus sur ma modélisation de la bienveillance en 4 dimensions, qui se décline à différentes échelles et que j'ai commencé à détailler dans l'article Bienveillance et cellule familiale. Dans l'article en question, je me suis intéressé à deux échelles : la cellule familiale et l'individu (en lien avec la cellule familiale à laquelle il appartient).
Edgar Morin a évoqué au début de sa prise de parole la coexistence de deux logiciels en chacun de nous : le "moi je", l'égocentrisme et le "nous" ; le premier ne pouvant s'épanouir qu'avec le deuxième, tout en étant attentif que le deuxième n'étouffe pas le premier. On peut voir derrière cette attention particulière une vigilance aux risques de l'oubli de soi.
J'apporte ma propre contribution en indiquant qu'il s'agit non seulement de trouver un bon équilibre entre la bienveillance à soi et à la bienveillance au "nous", mais aussi de prendre conscience que nous faisons partie de plusieurs "nous" (sphère familiale, sphère professionnelle, sphère amicale, sphère des loisirs, sphère associative, ...) et qu'il y aussi une question de juste engagement, de juste articulation, de juste équilibre entre les différentes sphères de vie.
Pour sa part, Matthieu Ricard a plutôt évoqué le duo "moi" et "l'autre" et l'altruisme. Il a évoqué aussi la coexistence de la coopération et de la compétition, la coopération étant particulièrement présente dans la nature et la nature humaine en cas de crise.
Ressortent donc nettement 3 dimensions de bienveillance au niveau individuel :
- moi je,
- toi et moi,
- moi dans des "nous" (enjeu d'appartenance et de contribution)
- par rapport à soi-même ; elle a une mission, une raison d'être (je reviendrai prochainement sur ce concept au niveau individuel et collectif), un objectif de continuité, et souvent même de développement dans un monde où l'on a du mal à envisager le futur autrement que dans une logique de croissance
- par rapport à d'autres collectifs et d'autres individus (le "toi") pour lesquels il faut que l'entreprise apprenne à être bienveillante, loyale, respectueuse, aidante, y compris en considérant avec un niveau de bienveillance suffisant les entreprises concurrentes
- par rapport aux territoires, communautés et collectifs auxquels l'entreprise appartient ; elle peut faire partie d'un groupe, d'une branche professionnelle, d'une zone d'activité ; elle fait partie naturellement des différentes strates de localisation (commune, cdc, pôle territorial, département, région, France, Europe, Monde). Elle y apporte sa contribution et prend sa responsabilité et son utilité sociétale
Par ailleurs, dans cette vidéo, a été mis en lumière ce qu'Edgar Morin a présenté comme une carence et Matthieu Ricard comme un paradoxe : le fait que notre santé mentale et nos qualités humaines devraient faire l'objet d'une prise en considération et d'actions spécifiques pour les entretenir et les développer. En effet, il nous semble normal dans notre société de dépenser du temps et de l'énergie pour apprendre à lire, à développer nos compétences professionnelles, nos pratiques artistiques et sportives, .... mais pourquoi ne consacrons-nous pas aussi du temps et de l'énergie à élever nos qualités humaines et à prendre soin de notre santé mentale ? Un appel à investir cette dimension individuelle "Vous en moi" pas seulement à travers des actions sur l'alimentation, le sommeil, l'activité physique et l'évitement de conduites à risque pour la santé physique, mais aussi à travers de l'énergie et du temps pour développer, muscler nos capacités humaines qui contribuent à une approche gagnant-gagnant indissociable de la culture de la bienveillance.
Matthieu Ricard s'est d'ailleurs exprimé sur le sujet invitant à ce que l'altruisme et la coopération soient enseignés à l'école et qu'on en parle haut et fort. Selon ses propos, que bien entendu je partage totalement, l'individualisme est perdant et avec l'altruisme, tout le monde y gagne. Et pour que tout le monde y gagne, il faut individuellement et collectivement investir de manière indissociable. Chacun peut faire sa part, donner envie à d'autres de rejoindre un mouvement de contagion qui une fois une masse critique atteinte fera basculer notre société vers une société de la bienveillance.
Pour conclure, je reprends les propos que Matthieu Ricard a tenu sur l'éducation : il ne s'agit pas de remplir un contenant, mais d'allumer une bougie. La bienveillance ne s'apprend pas par du savoir mais elle s'allume, vit, se vit et se propage.
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