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Voici le 6 ème épisode de mes chroniques sur la bienveillance inspirées de l'actualité.
Il est inspiré de ma lecture de l'article Plaidoyer pour un peu de bienveillance de Sara Marie-Jo Bastien sur le site journalmetro.com
Sara Marie-Jo Bastien est directrice générale de la Table de concertation jeunesse Bordeaux-Cartierville. En tant que Girondin habitant à une trentaine de km de Bordeaux, je me suis dit que c'était en quelque sorte une voisine qui s'exprimait. Je me suis aperçu un peu plus tard que Bordeaux-Cartierville n'est pas un quartier de Bordeaux comme je le pensais (je connais très mal Bordeaux, pour tout dire) mais un quartier de Montréal. Donc ce n'est pas une voisine de Bordeaux mais une cousine du Québec.
Le Québec est aussi touché par la pandémie. Et dans cet article, Sara Marie-Jo Bastien rend hommage aux personnes qui travaillent dans le "milieu communautaire et du développement social", un secteur habitué à être en déficit de reconnaissance si je traduis bien ses propos. Elle lance aussi un appel aux personnes de ce milieu pour qu'elles prennent soin d'elles en cette période de pandémie. Elle mentionne un risque qu'elle ne nomme pas mais que je vais faire à sa place dans ma chronique : le burnout. Elle pose l'enjeu de la manière suivante :
"Dans ce milieu dont le quotidien atteint des sommets d’intensité, nous sommes beaucoup à vouloir tout donner. Mais là où plusieurs étaient déjà sur le point de frapper un gros mur, le contexte actuel accélère le véhicule et il y a un danger réel que le mur arrive plus tôt, plus fort.
Alors je vous en prie, faites attention. Car aller plus loin que le bout de vous-même n’aidera personne."
Elle appelle donc les professionnelles et les professionnels de ce milieu à prendre soin de leur propre personne. Dans une approche gagnant-gagnant : en prenant soin de soi, cela permet de garder ses capacités physiques, psychiques et social pour essayer de mener à bien ses missions (je dis essayer, car il faut s'assurer d'avoir le temps et les moyens de bien faire son travail).
Puisque ce blog est parti de l'idée de décliner des verbes autour du bonheur, je vous propose de décliner le verbe "prendre soin", en m'appuyant sur ma modélisation en 4 dimensions présentée spécifiquement dans mon article récent 4 dimensions indissociables de bienveillance - Chronique sur la Bienveillance - Episode 4.
Je redonne le schéma générique de ces 4 dimensions :
Si on connecte le niveau individuel avec le niveau du collectif du travail, on peut mettre en exergue une articulation de responsabilités :
Conjuguons donc "Prendre soin".
- Je prends soin ... de moi. De deux manières : d'abord (1), de ma santé physique, psychique et sociale. En faisant attention à l'articulation entre ma sphère professionnelle et les autres sphères de vie, à mon alimentation, à mon activité physique, à mon sommeil, aux temps de récupération et de relaxation. Et (2), je m'assure régulièrement que mon travail est en ligne avec mes aspirations les plus profondes afin de ne pas laisser se creuser un écart, voire un fossé entre ce que je veux vraiment faire et ce qui se passe réellement dans mon travail. Je prends soin aussi de moi par ma capacité l'affirmation de soi bienveillante pour faire remonter mes tensions dans mon collectif pour chercher à les résoudre
- Je prends soin ... de mes collègues (3), au-delà des personnes dont je prends soin dans le cadre de mes missions.
- Toi, mon collègue, dans une logique de réciprocité, je t'invite aussi à prendre soin de moi. C'est aussi (et d'abord) au collectif à instaurer cette solidarité et cette bienveillance entre collègues
- Je prends soin ... de mon collectif de travail (4) et j'apporte ma pierre à l'édifice pour la co-construction d'un écosystème bienveillant et pour que la Qualité de Vie au Travail (QVT) soit au cœur de cet écosystème
- Mon collectif de travail prend soin ... de moi (5). Il soutient mon activité, il me soutient en tant qu'individu, prend en compte mes émotions, mes éventuels états d'âme, mes aspirations, mes attentes et est vigilant à la préservation de ma santé physique, psychique et sociale
Dans la sphère professionnelle, on peut raisonner plus large et intégrer la responsabilité de la médecine du travail, des clients/bénéficiaires/usagers/consommateurs, des pouvoirs publics, ...
Au-delà de la sphère professionnelle, on peut aussi ajouter le rôle du conjoint, des parents, des enfants, des amis qui prennent aussi soin de moi et qui m'envoient quelques fois des signaux d'alerte qu'il faut que je sache voir.
Si un nombre suffisant de ces niveaux est actif, ma conviction est que nos sociétés seront en capacité d'éradiquer le burnout. Inversement, ma conviction est tout aussi grande qu'un tel niveau de burnout aujourd'hui dans nos sociétés est la preuve d'une faillite de nos sociétés en matière de bienveillance. En effet, quand on sait que le burnout est un processus long qui s'émaille de nombreux symptômes visibles, l'atteinte du point de décompensation dans un tel processus est clairement à mettre sur le compte d'un déficit de bienveillance à bien des niveaux qui ne sont pas ou pas assez activés.
Alors, œuvrons ensemble pour construire une société de la bienveillance qui permettra à chacune et chacun de se sentir bien à sa place, bien dans son corps, bien dans sa tête, serein parce qu'il se sait entouré, respecté, reconnu, protégé. Et réciproquement, d'entourer, de respecter, de reconnaître et de prendre soin.
Et j'emboite le pas à Sara Marie-Jo Bastien, avec un grand merci aux professionnels et bénévoles des associations qui ne sont pas directement des acteurs œuvrant pour soigner les malades de covid-19, mais qui, du fait de la pandémie, se trouvent avec des conditions de travail très difficiles. Des conditions encore plus compliquées du fait de l'augmentation de nombre de bénéficiaires et de mesures sanitaires qui demandent plus de temps, d'énergie, de charge mentale et de charge émotionnelle. En souhaitant que non seulement vous preniez soin de vous individuellement mais aussi que les autres niveaux que j'ai évoqués dans cette chronique puissent s'activer avec détermination.
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