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Voici le 8ème épisode de mes chroniques sur la bienveillance inspirées de l'actualité dans le cadre de mon travail de modélisation d'une Société de la Bienveillance.
Il est inspiré d'une double actualité : la reconfinement et les attentats terroristes en France.
Michel Lejoyeux, chef du Service de psychiatrie et d'addictologie à l'Hôpital Bichat à Paris, professeur à l'Université Denis Diderot et auteur de plusieurs ouvrages à destination du grand public, était l'invité de la fin du journal de 20h de France2 hier jeudi 29 octobre 2020 (time code 44mn50 de l'émission en replay). De mon point de vue, c'était en quelque sorte une bouffée d'oxygène et d'espoir dans une actualité très sombre entre covid-19 et attentat dans la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Nice.
En quelques mots, voici un résumé de son intervention dans lequel j'ai ajouté quelques grains de sel de complément : il ne faut pas lutter contre les émotions négatives qui nous envahissent dans ce type de contexte. Il faut les accueillir et surtout pas les considérer en première intention comme une anomalie de notre santé qu'il faudrait régler avec des prises de médicaments, d'alcool, de drogues. Nous vivons une situation anormale, avec un déclenchement d'une réaction de stress ; le stress étant un mécanisme d'adaptation naturel. Nous avons en nous des capacités de résilience et des stratégies pour faire face.
Un enjeu important expliqué par le professeur Lejoyeux est la capacité à jouer et distinguer le temps long et le temps court. Il nous faut prendre garde de ne pas nous laisser envahir par le temps court avec bien évidemment nos objectifs (individuels et collectifs) à court terme qui sont totalement bouleversés. Nous avons par ailleurs des valeurs à long terme : ce pourquoi on se lève le matin, ce qui nous pousse à travailler, les personnes qui comptent vraiment pour nous. En cette période troublée, il nous faut remettre de la perspective, retrouver nos valeurs essentielles, ce qui constituera un facteur de résilience. J'ajoute qu'en quelque sorte, il nous faut essayer de ne pas surjouer, surtout pour celles et ceux d'entre nous qui, en réalité, ne sont que peu touchés concrètement dans leur santé ou dans la santé de leur activité professionnelle. Un vrai enjeu, car il est si facile de surjouer, d'autant plus quand on se trouve à discuter avec d'autres personnes qui surjouent au diapason, faisant gonfler une grosse baudruche de pensées et paroles négatives bien inutiles et toxiques.
Pour en revenir au professeur Lejoyeux, il a fait référence à une expérience qui a montré que "Si on est en capacité de déconnecter son esprit pendant 10 minutes par jour (Mind-Wandering - vagabondage de l'esprit), avec un peu de musique, un texte qui nous détend, on augmente à la fois ses capacités de résistance et de résilience". Laissons donc vagabonder notre esprit de manière plaisante, surtout quand il se met à ruminer sur les amis qu'on ne pourra pas voir, les sorties restau/ciné interdites, les supposés incompétents qui nous gouvernent, les étrangers qu'il faudrait expulser dare-dare, ...
En cette période de reconfinement et d'attentat, la bienveillance est un enjeu capital selon moi. Un enjeu pour notre moral, pour l'ambiance générale, pour créer/renforcer des aptitudes et des actes de coopération, de solidarité, de juste réaction face aux événements. Le professeur Lejoyeux nous invite à (ré)investir nos valeurs essentielles, ce qui compte vraiment pour nous. Réinvestir le sens est aussi le message porté par Sébastien Bohler dans son dernier livre "Où est le sens ?".
En répondant à cette invitation, il y a un risque qu'il faut clairement anticipé sinon, elle risque d'être contre-productive, cette invitation : si le sens nous ramène vers celles et ceux qui nous sont chers, et que le reconfinement fait exactement le contraire, à savoir nous en éloigner, il faut éviter de retomber encore plus dans la frustration, la rancœur. Trouvons d'autres moyens d'investir la relation aux proches : le téléphone, la visioconférence, les emails et un moyen d'un autre temps auquel on peut revenir : la correspondance avec du papier, un stylo, des enveloppes et des timbres. Et l'on s'aperçoit bien souvent que ce l'on écrit n'est pas ce que l'on dit, et que l'on écrit ce que l'on a oublié depuis tellement longtemps de se dire, notamment des sentiments. Et puis comme l'a suggéré Jean-Baptiste Marteau, le journaliste présentateur du journal, vivons le reconfinement si possible comme une parenthèse.
Accueillir les émotions négatives ... mais quelle quantité, quel type ?
Si je suis absolument d'accord avec le professeur Lejoyeux sur le fait qu'il faut savoir accueillir les émotions négatives et ne pas lutter farouchement contre elles, notamment par des actions de compensation, je veux consacrer quelques lignes à un schéma que j'ai réalisé pour mettre en évidence les impacts de notre façon d'observer et de penser sur nos émotions et nos actes, selon que l'on est dans une approche bienveillante ou malveillante. Ce schéma m'a été inspiré des Techniques Comportementales et Cognitives.
Dans la situation que nous vivons, il est très facile de se trouver embarqué dans un cercle vicieux de malveillance : nous focalisons nos observations sur ce qui ne va pas, ce qui suscite des pensées négatives (notamment jugeantes) qui entraînent automatiquement des émotions négatives (colère - voire haine -, frustration, rancœur, peur, tristesse, ...). Ces émotions négatives induisent des comportements (des paroles, des actions) qui :
- au mieux relèvent de l'absence de bienveillance (on ne dit pas des choses gentilles qui pourraient être dites, on ne fait pas des actes bienveillants qui seraient nécessaires)
- au pire relèvent de la malveillance (on dit des choses méchantes, désagréables ou sur un ton désagréable, on réalise des actes malveillants, déloyaux, ...)
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