Prendre des gants avec toi
Prise de conscience
La bienveillance ne devrait s'entendre qu'associé avec la bientraitance. Or, je constate trop souvent en côtoyant des familles et des couples que ce n’est pas le cas, malgré les déclarations faites sur l’importance que revêt l’entourage aimé. Le quotidien avec les proches fait le yoyo entre l’amour, la tendresse d’une part et les coups de griffes d’autre part. S’ajoute une conception de l’amour, notamment envers les enfants, inspirée par le proverbe "Qui aime bien, châtie bien", entendu comme “puisque je t’aime, il est normal que je te châtie”.
Dans les couples, il y a aussi un processus bien commun qui démarre par une phase de séduction dans laquelle d’infinies précautions sont prises pour ne pas heurter l’autre. Processus qui ensuite, plus ou moins lentement, fait le naturel chassé revenir au galop, et laisse les “bonnes manières” et la délicatesse faire place à des “manières de laisser-aller” voire pire, de piétinement.
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Tu es la prunelle de mes yeux ... “ mais il n’empêche que je n'arrête pas de te rabrouer, de te parler mal. Finalement,
les personnes les plus proches sont paradoxalement celles à qui on parle le plus mal et avec qui on ne porte pas de gants. Tel est le comportement que je constate trop souvent en côtoyant des familles et des couples. C’est une
forme de violence ordinaire qui peut dévier vers des formes de violence plus graves, et quoi qu’il en soit
pourrit l’écosystème familial et son ambiance.
Se parler mal est un poison du quotidien en intraveineuse à plus ou moins forte dose.
Or, je suis absolument convaincu que
la qualité de nos interactions avec nos proches devrait être alignée avec le niveau élevé de l'amour que l'on ressent et que l'on exprime par ailleurs ; aligné aussi avec l’amour que l’on reçoit.
La conception de la bienveillance que je porte,
met en lien la bienveillance avec la bientraitance et la gentillesse (et notamment, se parler gentiment). La bienveillance doit être à la fois dans l'intention et dans l'acte, dans les paroles et dans les actes, dans le pourquoi et dans le comment.
Défi du jour
Je te propose un défi en plusieurs temps :
1/
Tu prends conscience des moments, des situations où tu as tendance à rabrouer au quotidien dans ton couple, avec ton/tes enfants, avec ton/tes parents. Tu peux aussi
sonder les personnes concernées afin d’avoir leur sentiment sur ta façon de les traiter par tes paroles et tes gestes. Tu y découvriras peut-être un impact plus fort que tu l’imaginais des petits écarts que tu t’autorises dans ta façon de communiquer au quotidien. Il est même possible que cela puisse être une forme de révélation sur l’importance de l’accumulation de banals laisser-allers sur les relations.
2/ Prendre conscience, c’est bien, mais il ne faut bien entendu pas en rester là et laisser ce constat tomber dans l’oubli ou rester en vœux pieux ou en transfert de responsabilité sur les personnes concernées (“c’est elle/lui/eux qui ont commencé”). Le deuxième temps consiste à
décider avec détermination de changer ta façon de t’exprimer, en commençant par une situation type en essayant d’anticiper tes mots, ton ton, tes mimiques, tes gestes ; puis de vérifier que la/les personnes impliquées remarquent, apprécient (ou non) le changement.
3/ Comme il est fréquent que le rabrouement s’installe dans la relation, de part et d’autre, et si c’est le cas avec les personnes concernées, dans un troisième temps, il sera … temps … de
les faire entrer dans la danse. Puisque tu auras joué en premier une nouvelle musique, tu pourras leur proposer de la jouer à deux ou à plusieurs. Ce faisant,
ce défi au départ individuel devient un défi interpersonnel ou collectif porté ensemble, où chacun fait sa part, ou chacun se soutient, se stimule pour changer cette triste et dangereuse habitude de vous rabrouer. Avec une prise de conscience que l’éventuel prétexte de l’efficacité (“on n’a pas le temps de prendre des gants”) est en réalité carrément contre-productif car il crée inévitablement des tensions qui prennent beaucoup de temps à être dénouées quand elles ne mettent pas à mal voire à néant la relation.
Un troisième temps qui s’achève par l’
appréciation et la
gratitude partagée donnant du carburant pour persévérer et cheminer dans un changement d’habitude faisant
cercle vertueux.
Pour aller plus loin avec des éléments de modélisation ou des chroniques de lesverbesdubonheur.fr
Tu as joué le jeu ?
Alors viens témoigner en laissant un commentaire sur l’article L'avent 2021 de la Bienveillance.