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Voici le 33ème épisode de mes chroniques sur la bienveillance inspirées de l'actualité dans le cadre de mon travail de modélisation d'une Société de la Bienveillance.
Cette chronique m'a été inspirée par la rentrée où un sacré enjeu pour beaucoup de monde est de faire entrer le maximum de choses dans son agenda et dans sa vie à la mode frénésie, y compris chez celles et ceux pour qui la chose pourrait sembler plus simple : les retraité·es.
Faire, et y croire dur comme fer
Je reviens dans cette chronique sur la genèse de ce blog : aborder le bonheur à travers des verbes.
Et il est vrai que le "faire" occupe une place énorme dans notre société. Un "faire" qui prend presque toute la place et même de plus en plus de place du fait de la conjugaison de deux phénomènes :
- une partie de notre cerveau - le striatum - qui nous pousse à vouloir faire et avoir toujours plus, sans limite. Je vous renvoie au schéma ci-dessous et à mon article L'insoupçonnable et l'insoutenable. Insoutenable étant le qualificatif de la situation dans laquelle le "faire" a conduit l'humanité en seulement une poignée de dizaines d'années.
- Notre société de consommation non seulement laisse le champ libre au striatum, mais aussi valorise ses dérives, notamment à travers ses normes sociales et ce vers quoi l'intelligence humaine est investie le plus (par exemple explorer l'espace et les planètes, de plus en plus loin alors même qu'on sous-investit notre intelligence pour prendre soin de notre planète et du vivant).
Un "faire" qui met la pression sur notre planète, sur les écosystèmes et sur beaucoup d'entre nous. Stress, anxiété, burnout, sentiment d'impuissance se propagent à tous les étages et à tous les âges.
Et pourtant des anciens nous ont averti : Voltaire avec "Le mieux est l'ennemi du bien" et en remontant beaucoup plus loin "Rien de trop" gravé sur le fronton du Temple de Delphes. Un autre conseil/principe gravé sur ce fronton mérite de faire une belle paire pour cette rentrée "Connais-toi toi-même" que je me permets de compléter par "... autrui et tes écosystèmes d'appartenance". De la lucidité, de la sagesse, de la curiosité exploratrice et du réalisme au programme de cette rentrée de septembre 2021.
D'autres verbes pour vivre pleinement
Je veux promouvoir ici brièvement et de manière non exhaustive quelques verbes qui me tiennent à cœur et qui sont, il me semble, au cœur des grands enjeux complexes auxquels l'humanité fait face. Enjeux qui se compliquent de plus en plus puisque les réactions individuelles et collectives ne sont pas du tout à la hauteur. Voici donc ces quelques verbes :
- Être : vivre l'instant présent en lâchant prise régulièrement avec le passé et l'avenir
- Penser : en essayant de sortir des habitudes, des schémas, des croyances, des aprioris, des jugements, des biais cognitifs (notamment la vision noire et blanc, la généralisation); Penser pour poser des intentions et des objectifs bienveillants pour soi, pour autrui, pour les systèmes d'appartenance
- Observer, écouter, sentir, ressentir : en utilisant tous les sens qui nous ont été donnés.
- Explorer : développer nos capacités à la curiosité exploratrice qui nous permet de découvrir, de nous relier, de créer de la proximité, de comprendre, d'apprécier, de nous émerveiller, ...
- Expérimenter : en redonnant ses lettres de noblesse au droit à l'erreur, au tâtonnement, à l'apprentissage, et concernant le domaine scientifique : une expérimentation dans l'éthique ("Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", Rabelais)
- Décider : en intégrant le court, le moyen et le long terme, en valorisant la pratique des délibérations et d'une démocratie favorisant la contribution de chacun·e ; décider en conscience pour ne pas laisser le "faire" et le déficit de responsabilité conduire à la non-décision dans des situations où ne rien faire peut être assimilé à non assistance à personne/écosystème en danger
- Apprécier : donner de la valeur à ce que l'on vit à chaque instant, à tout ce que nous recevons et dont nous profitons sans nous en apercevoir, notamment du fait d'un principe premier : l'interdépendance, du lever au coucher
- Gratifier : la gratitude est déjà un cadeau que l'on se fait à soi-même puisque c'est une émotion positive. Bien loin du "Dis merci à la dame !" faisant que de nombreuses générations ont appréhendé (peut-être jusqu'à la lecture de cet article ?) la gratitude comme une obligation ou un rappel à l'ordre ou une politesse.
- Se donner du temps : comme un cadeau que l'on se fait à soi, et mutuellement ; et surtout pas dans une logique négative ou sacrificielle (je prends du temps voire pire : "j'accepte de perdre du temps"). En prenant conscience que la bienveillance, l'attention, la reconnaissance, l'équilibre, la prévention, la perspective long terme ... rien n'est possible si on ne se donne pas du temps, individuellement et collectivement
- Prendre du recul : comme contre-poids indispensable au "faire"
- Se relier : avec soi-même et ses aspirations profondes (intériorité), avec ses émotions, avec son corps, avec autrui, avec ce qui est plus grand que nous, avec le vivant, avec nos écosystèmes d'appartenance. Contribuer à la création de résonance.
- Communiquer : la précipitation du "faire" se faisant souvent au sacrifice d'une communication bilatérale ou multilatérale, communiquer nous économise combien de malentendus et de tensions à un "faire" frénétique qui tape à côté des vrais enjeux et/ou crée des victimes collatérales évitables.
Relier ces verbes entre eux avec ma modélisation de la bienveillance
Un certain nombre de ces verbes s'influencent les uns les autres tout au long du processus décrit ci-dessous. Démarrer ce processus dans la bienveillance aidera d'autant plus facilement à le dérouler ensuite dans la bienveillance, formant ainsi un cercle vertueux. Inversement, le démarrer en prêtant une attention privilégiée voire focalisée sur ce qui ne va pas ou nous déplaît a forte probabilité de conduire à de la malveillance, dans un cercle vicieux.
Je préconise de baigner les verbes suivants dans la bienveillance de bout en bout, en prenant conscience de l'enseignement du schéma précédent : notre façon d'observer est capitale et peut conditionner fortement successivement nos façons de penser, de ressentir, de décider, de dire et d'agir.
Nos actions bienveillantes peuvent susciter des feedbacks des personnes bénéficiaires, partenaires ou observatrices. Feedbacks qui pourront dépendre du niveau de bienveillance de ces personnes, de leur niveau de lecture bienveillante de nos actions et du caractère contagieux de la bienveillance dans nos actions.
Je finis par un schéma qui est antérieur à mes travaux sur la bienveillance mais qui s'intègre aisément dans ces travaux : il concerne l'enjeu capital de la gratitude qui découle aussi d'un processus enchaînant plusieurs verbes (observer, apprécier, attribuer, ressentir, ...). Un processus où le facteur "temps" est essentiel à chaque étape.
Alors, bonne rentrée à toutes et à tous, en mettant à votre programme - que je vous souhaite allégé et juste - des verbes qui vous iront bien et qui feront du bien autour de vous.
Donnons du temps pour la bienveillance !
Redonnons-nous du temps PAR la bienveillance !
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